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industries qui avaient été jusque-là le partage exclusif de l’homme et, la guerre civile terminée, ne se soucièrent plus d’abandonner des occupations rémunérées pour la simple vie domestique qui, d’ailleurs, ne leur semblait pas incompatible avec elles, pus plus que ne l’avaient été les ligues patriotiques, les commissions sanitaires, les œuvres de toute sorte organisées pendant cette période terrible, La prostration nerveuse, ce fléau si fréquent en Amérique et qui tient à l’abus de l’activité, ne se manifesta chez elles que plus tard, et Mrs Sewall, dans son beau rapport sur l’Organisation dans la Vie sociale, n’en parle pas ; elle nous montre ses compatriotes continuant à mener de front les devoirs de la famille et la discussion d’intérêts importuns. De ces discussions sortirent les clubs.

Réunis en fédération générale, ils gagnèrent du terrain, tendant toujours à élever l’éducation de la femme et à effacer cet esprit de caste que produit trop souvent l’accroissement des richesses. Les clubs spécialement civiques, dont l’objet est d’amener des réformes municipales, déploient un zèle intrépide ; on leur doit, dans l’Ouest surtout, la salubrité des rues, le nettoyage des écuries et des abattoirs, une sorte d’extension des devoirs de la ménagère à tout son quartier, à tout son village. Appuyées sur les préceptes de Ruskin, les femmes s’appliquèrent, comme membres de la communauté, à des œuvres d’assainissement et de beauté ; elles eurent le pouvoir de les accomplir, chaque club étant un petit État en lui-même qui possède son comité exécutif et que dirige le vote de la majorité ; ceci, entre autres avantages, crée une éducation parlementaire favorable à la netteté des idées, à la facilité de la locution et préparatoire peut-être au droit de suffrage. Chose remarquable, aucun de ces clubs de femmes ne s’est jamais endetté », ce qui prouve en faveur des capacités financières de leurs membres, beaucoup d’entre eux ont construit leur maison et s’en sont fait une source de revenus. Le New Century, à Philadelphie, paya un dividende de 10 pour 100 à ses actionnaires six mois après l’inauguration. Mais ce sont surtout les clubs d’ouvrières dont on doit souhaiter le développement.

Ils réussissent tant en Angleterre qu’aux. États-Unis, sans pour cela se ressembler tout à fait dans les deux pays. Leur but est ici et là de détourner les jeunes Mlles des amusemens grossiers, de les reposer des fatigues de la fabrique et de l’atelier, de leur assurer des relations utiles. « Solidarité, coopération,