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piédestal, d’où il se fait entendre même de ceux qui se sont déclarés ses ennemis.

« Telles sont, je crois, les raisons du succès de cet important document. Je n’ai pas voulu, toutefois, m’en rapporter à moi-même dans ces appréciations. J’en ai entretenu, durant ces huit jours, un certain nombre de personnes d’opinions diverses, y compris deux ambassadeurs accrédités auprès du Quirinal et avec lesquels j’étais lié, avant de venir à Rome. Il m’a semblé que leur manière de voir ne différait pas sensiblement de la mienne dans leur ensemble, et c’est à ce double titre que j’ai cru pouvoir vous la communiquer. »

J’ignore si quelques-unes des appréciations qui précèdent conservent encore aujourd’hui le même caractère d’exactitude qu’elles avaient, je crois pouvoir le dire, il y a vingt ans ; mais il m’a paru intéressant de faire connaître l’impression que produisit alors en Italie ce premier acte public du grand pontife dont, à partir de ce moment, la noble figure allait s’imposera l’histoire contemporaine.


VIII

J’eus l’honneur de le revoir deux fois pendant ce mois de décembre 1878 ; la première, pour lui remettre une lettre du Président de la République, demandant l’institution canonique pour Mgr Denécheau, évêque de Tulle ; la seconde, à l’occasion des fêtes de Noël et du nouvel an. Cette dernière offrit surtout, un réel intérêt ; et me permit de pénétrer davantage la pensée intime du Souverain Pontife. En ce qui concerne la France, je le trouvai moins préoccupé que la dernière fois où j’avais eu l’honneur de l’approcher. Le passage successif d’un assez grand nombre de nos évêques, venus à Rome, suivant l’usage, pour y faire leur visite, dans la première année du nouveau pontificat, était pour Sa Sainteté un motif de consolation et d’encouragement. Les questions politiques, comme celles du renouvellement du Sénat, l’intéressaient par conséquent un peu moins, en présence du nombreux concours des prélats français, qui lui représentaient une force permanente de dévouement au Saint-Siège et d’assistance morale et matérielle. Sa Sainteté me parla de notre épiscopat dans les termes les plus flatteurs, disant qu’elle ne saurait assez se louer