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LE
DROIT D’ASSOCIATION

Que n’a-t-on pas dit et écrit pour célébrer le principe de l’association, pour en montrer les merveilleux effets dans tous les ordres des conquêtes humaines ? Variations auxquelles il faut se garder d’en ajouter de nouvelles ; elles se résument toutes dans ce simple adage, contenant en lui-même, et clairement, assez de choses pour qu’il n’y ait pas besoin de les étaler : « L’union fait la force. »

Droit d’association, droit primordial, essentiellement naturel, qui comporte nécessairement la liberté à l’origine de son exercice, sous peine d’être méconnu et violé.

La liberté, c’est ce que nous proclamons le plus haut ; c’est ce que nous savons le moins pratiquer. Le mot nous grise à ce point que souvent la chose nous manque sans que nous nous en apercevions ou, tout au moins, sans qu’on nous entende crier comme des gens qu’on dépouille ; le mot, nous l’inscrivons partout ; la chose, qu’elle est donc malaisée à rencontrer dans son expression vraie et sincère.

C’est que nous avons une habitude invétérée dont nous aurons bien du mal à guérir : celle de l’intervention des pouvoirs publics dans les actes de la vie sociale ; il semble qu’un droit n’existe véritablement qu’autant que ces pouvoirs y ont apposé leur cachet, qu’ils l’ont consacré en le réglementant ; et l’on ne s’aperçoit pas que cette réglementation a souvent pour résultat, sinon de faire disparaître le droit lui-même, tout au moins de le dénaturer et de l’amoindrir.

On pourrait croire que, par une exception heureuse et