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les âges et à la fin du XIXe siècle[1]. Date lilia ! Ce livre répand des lis et des roses, effeuille des marguerites, égrène des fleurs de genêts. On y apprendra quelle fut la première patrie de chacune d’elles et comment elles naissent, changent d’habitude selon les sols et les climats, comment la poésie, l’amour, l’art et le blason les ont glorifiées, montrées vivantes et parlantes, brillant pour tous, comme les astres mêmes. De la valeur et du mérite de la grande artiste qui en a représenté les plus belles, que dire, si ce n’est que ses aquarelles donnent presque l’illusion de la réalité par l’harmonie des couleurs, l’observation parfaite de leurs valeurs relatives, la finesse de leur dessin, et que ces copies sont aussi près que possible de l’original ?

Dans une magnifique publication, qui demeurera comme l’un des plus beaux spécimens de la conscience historique et de l’illustration de cette fin de siècle, M. de Nolhac, dont le goût est aussi sûr que l’érudition impeccable, nous raconte la jeunesse de la reine Marie Leczinska[2] et en conduit le récit jusqu’au moment où les incidens du voyage de Metz amènent la définitive séparation du ménage royal, si l’on peut ainsi s’exprimer. C’est un tableau qui n’est pas sans nouveauté de la cour de France à cette époque, avec, au centre, la figure un peu effacée sans doute de la femme de Louis XV, mais qui, dans le rôle si modeste que lui firent ses dispositions naturelles et les circonstances de sa vie, n’eut ni la perfection un peu convenue dont la parent les panégyristes, ni les ridicules que d’autres prêtèrent à cette âme religieuse. M. de Nolhac, pour la remettre en lumière, s’est surtout servi des lettres du roi Stanislas à sa fille, des lettres de celle-ci au cardinal Fleury, qui se trouvent, les premières aux Archives nationales, les autres dans la collection Morrisson ; elles se rapportent à la jeunesse de la reine, c’est-à-dire à l’époque de sa vie où les renseignemens font le plus défaut. Elles ajoutent beaucoup par conséquent aux séries des lettres déjà connues et dispersées dans un certain nombre de publications et de mémoires. Sur tous les documens qu’il a utilisés, M. de Nolhac a exercé un rigoureux contrôle, et il a renouvelé avec beaucoup de critique la documentation sur Marie Leczinska. Quant aux illustrations dont la plupart sont de superbes reproductions des tableaux des châteaux de Versailles et de Trianon, si riches en portraits du

  1. Les Fleurs à travers les âges et à la fin du XIXe siècle, par M. Th. Villard, avec illustrations de Madeleine Lemaire, 1 vol. in-4o ; Hachette.
  2. Louis XV et Marie Leczinska, par M. Pierre de Nolhac, 1 vol. in-4o, avec illustrations d’après les originaux contemporains, planches imprimées en camaïeux divers et fac-similé en couleurs ; Manzi, Joyant et Cie.