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certain signe qui signifie qu’il n’en faut pas tenir compte. Il y a dans César Birotteau un financier nommé du Tillet qui met ou ne met pas un point sur II de son nom, suivant que la lettre de recommandation délivrée par lui est sérieuse ou non. Il faut toute l’autorité d’un rapport officiel pour persuader que l’administration française emprunte ses procédés aux romans de Balzac.

Le même système pourrait être adopté pour les vieillards. Il y a beaucoup de familles de paysans qui, en échange d’une petite pension, ne demanderaient pas mieux que de prendre soin d’un vieux, et, si la famille choisie était celle même du vieux, on ne verrait pas le spectacle assez triste auquel on assiste parfois dans nos campagnes : un vieillard à la charge de ses enfans, qui sans doute ne le laissent pas mourir de faim, mais qui, devant lui, souhaitent ouvertement sa mort. Cependant il y a des vieillards auxquels, pour une raison ou pour une autre, l’hospice convient mieux. Pour les infirmes ou les incurables, il est indispensable, de même que l’hôpital pour les malades. L’assistance obligatoire suppose donc nécessairement la création ou l’entretien d’un certain nombre d’établissemens hospitaliers, affectés d’une façon permanente aux assistés. Ces établissemens doivent-ils être publics ou privés ? Il serait infiniment préférable que ce fussent des établissemens privés, auxquels l’Etat, les départemens ou les communes, suivant le cas, confieraient des pensionnaires, moyennant un prix de journée. En échange de ces subventions, l’Etat aurait le droit d’exercer un certain contrôle portant sur leur régime intérieur. Mais ceci nous amène à une autre question plus générale. Quels sont les droits de l’Etat vis-à-vis des établissemens charitables, et dans quelle mesure ceux-ci doivent-ils être soumis à sa surveillance ? C’est par l’examen de cette question infiniment délicate que je voudrais terminer.


V

Le droit de surveillance de l’Etat sur les établissemens de bienfaisance privée ne pouvait manquer de venir en discussion devant le dernier Congrès d’Assistance. En effet, parmi les matières portées d’avance à son ordre du jour et qui devaient être discutées en séance plénière, figurait l’entente à établir entre l’assistance publique et la bienfaisance privée, et le premier de ces deux sujets était implicitement contenu dans l’autre.