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n’a pas mal réussi. Cependant le service des enfans assistés a subi dans ces derniers temps d’assez vives attaques, et, comme elles partaient du cœur même de la place, M. le Directeur de l’Assistance et de l’Hygiène publiques s’en est ému. Il a fait une enquête. Le résultat de cette enquête aurait été, selon lui, des plus satisfaisans, et il n’hésite pas à proclamer que ce service est une des gloires de la France. C’est peut-être aller un peu loin, mais, tout en faisant la part de l’optimisme officielle crois que M. Monod a raison et que ce service ne mérite pas d’une façon générale les attaques dirigées contre lui. Il est faux que la population des établissemens pénitentiaires et la prostitution des grandes villes se recrutent principalement parmi les enfans des hospices. Aucun chiffre, aucune preuve ne peut être produite à l’appui de cette assertion que s’en vont répétant légèrement des publicistes qui ne savent pas un mot de la question. Il n’est pas vrai non plus que ces enfans soient dans nos campagnes abreuvés d’humiliations et d’insultes, livrés sans défense aux mauvais traitemens de leurs pères nourriciers et indignement exploités par eux. En fait, et sauf exception, l’enfant des hospices suit le sort des enfans indigens de la commune où il a été élevé, car il ne dépend pas de l’administration de faire qu’il soit un enfant de riche. Elevé dans un milieu agricole, il devient ouvrier agricole, si c’est un garçon, fille de ferme ou domestique, si c’est une fille, et, sans être enviable, sa condition n’a rien d’intolérable. Encore une fois ce service marche et continuera de marcher bien, s’il échappe à un grand danger qui le menace, l’invasion de la politique. Cette invasion se fait déjà sentir dans le choix des inspecteurs, trop souvent désignés en raison de leurs opinions beaucoup plus que de leurs aptitudes. Certains faits, récemment portés au Conseil municipal de Paris, tendraient à démontrer que quelques-uns de ces choix ont été fâcheux. Les mêmes influences commenceraient, de l’aveu même de M. le Directeur de l’Assistance et de l’Hygiène publiques, à se faire sentir dans la désignation des familles de nourriciers. Il est de plus en plus difficile d’avoir confiance dans les certificats d’honorabilité délivrés par les maires, qui tendent à devenir des certificats de complaisance électorale. Les choses en sont arrivées à ce point, — M. Monod nous l’apprend, — que, dans certains départemens, une convention est intervenue entre l’administration et les maires, et que ceux-ci sont autorisés à apposer sur les certificats délivrés par eux