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toute la longueur de la ligne anglaise qui rejoint la précédente a New-chwang et la relie par Shan-haï-kwan au réseau du Tchili, en sorte que le moment n’était plus bien éloigné où l’on allait pouvoir se rendre en chemin de fer de Paris ou de Pétersbourg à Pékin. Ce qu’on peut appeler le Grand Central chinois, la ligne de Pékin à Han-kéou progressait activement aussi ; on exploitait une première section, de quelque 120 kilomètres, de Pékin à Pao-ting-fou ; son trafic, déjà important et rémunérateur, faisait bien augurer de l’avenir. Les Allemands étaient énergiquement à l’œuvre dans le Chantoung. Le petit chemin de fer d’une quinzaine de kilomètres de Shanghaï à Woosung, dont les rails avaient naguère été arrachés par les autorités chinoises, venait d’être rouvert à l’exploitation et semblait témoigner d’une manière éclatante que la Chine s’avouait vaincue et renonçait à ses vaines résistances. Le Peking syndicate faisait reconnaître les vastes gisemens de houille et de fer du Shansi, qui lui avaient été concédés, et commençait des travaux préparatoires. A Shanghaï, les filatures de coton qui avaient surgi du sol à la suite du traité de Shimonosaki éprouvaient bien quelques déboires, mais on les attribuait à la concentration sur un seul point de cette industrie si subitement née, d’où une hausse excessive de la main-d’œuvre, destructrice des bénéfices : le temps et l’établissement de meilleures communications auraient raison, pensait-on, de cette crise passagère. Le commerce extérieur de la Chine, longtemps presque stationnaire, s’était mis à augmenter rapidement : l’année 1899 avait marqué un grand progrès sur 1898 et, pendant le premier trimestre de 1900, le montant des droits perçus par le service des douanes se trouvait supérieur d’un quart à ce qu’il était pendant les trois premiers mois de l’année précédente. On comptait sur un développement plus grand encore quand l’administration européenne des douanes maritimes aurait resserré le contrôle qu’elle exerçait depuis peu sur certaines douanes intérieures ou likins de la vallée du Yang-tse, et quand le droit de navigation sur tous les cours d’eau, reconnu aux étrangers en 1898, serait mieux réglé.

A toutes ces causes de satisfaction au point de vue économique étaient venues s’en joindre d’autres d’un ordre moral : l’introduction dans les examens de quelques questions relatives à « la nouvelle culture de l’Occident, » puis la reconnaissance officielle de la religion catholique, la publication d’un décret impérial faisant entrer les évêques dans la hiérarchie des mandarins