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LE FANTÔME.

assis au chevet de mon lit, il commença de me parler avec les termes de l’affection la plus passionnée, et, comme il me répétait, comme il me jurait qu’il m’aimait, je lui dis : — Mais alors, pourquoi as-tu voulu mourir ?… Il n’osa pas me mentir cette fois. Il était trop ému pour cela. Il ne me répondit pas. Je n’avais plus la force de l’interroger de nouveau. J’eus celle de lui dire : — Si tu veux que je croie que tu m’aimes, donne-moi ta parole d’honneur que tu ne recommenceras pas… Il hésita, puis la pitié pour l’état où il me voyait la lui arracha, cette parole : — Je te la donne, me dit-il… C’était l’aveu, cela, on ne promet pas de ne pas recommencer ce que l’on n’a pas essayé de faire. Sur le moment, j’en ai éprouvé une telle joie, que je n’ai plus pensé à rien. Sans cette promesse, je ne serais pas ici. Je n’aurais pas pu le quitter…


Paul Bourget.

(La deuxième partie au prochain numéro.)