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la photographie stellaire : il a photographié avec succès des amas d’étoiles et des nébuleuses. On sait, d’autre part, qu’à l’Observatoire de Paris MM. Lœwy et Puiseux travaillent, depuis quelques années, à la formation d’un atlas photographique de la lune, qui est une véritable merveille. On voit que, pour les applications de la photographie à l’astronomie, la France a repris la tête du mouvement et ne craint plus aucune comparaison.


IV


Depuis 1891, l’observatoire de Meudon a une succursale au-dessus des nuages : c’est la station que M. Janssen est parvenu à établir au sommet du Mont-Blanc, à 4 800 mètres d’altitude. Ce petit observatoire de montagne, dont l’installation a rencontré de très grandes difficultés, a été édifié et outillé, de 1891 à 1897, avec des fonds fournis par M. Janssen lui-même et par quelques généreux amis de la science. Nous avons déjà parlé des recherches qui ont été exécutées sur la cime de la montagne pour constater l’affaiblissement ou la disparition des raies telluriques appartenant à l’oxygène. Un jeune astronome russe, M. Hansky, a pu, en 1897, y déterminer, en collaboration avec M. Grova, qui observait à Chamonix, la valeur exacte de la constante solaire, qui mesure l’intensité de la radiation calorifique du Soleil. Cette radiation est en partie arrêtée par l’atmosphère terrestre, mais les hautes montagnes en reçoivent une portion plus large que les basses régions. On a encore effectué au Mont-Blanc des mesures de l’intensité de la pesanteur et d’autres travaux sur lesquels il serait trop long d’insister. Je ne parlerai pas non plus ici du voyage de M. Janssen au Congrès de Washington (1884), où devait se décider la question du méridien universel. Mais il convient de mentionner les prix qu’il a fondés à l’Académie des sciences, aux Sociétés de géographie, de photographie, d’astronomie, désireux d’encourager les autres après avoir si souvent payé de sa personne. Il a donné le rare exemple d’une vie exclusivement consacrée à la science, sans réserve et sans arrière-pensée.

Que lui reste-t-il à désirer ? Il voudrait voir soutenus, encouragés plus efficacement et développés d’une manière plus large les établissemens qu’il a créés et qui sont destinés à poursuivre les recherches qu’il a inaugurées ou inspirées. L’astronomie expé-