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Tsimiscès (10 janvier 976), Samuel conquit la Bulgarie danubienne, envahit la Thessalie et emporta Larisse. Du sac de cette ville il rapporta un triple butin : pour sa capitale, les reliques de saint Achille, auquel il éleva une église dans Prespa ; pour le peuplement de ses domaines, des milliers de captifs ; pour lui-même, une belle Grecque, qu’il épousa. L’empire bulgare se relevait plus vaste, plus guerrier, plus redoutable à l’empire grec qu’il ne l’avait été à l’apogée du règne de Siméon. Seulement le centre s’en était déplacé de l’est à l’ouest, de la plaine mésienne à la montagne albanaise, de Preslav-la-Grande à Prespa. A part Constantinople et la Grèce propre, il ne restait en Europe à l’empire romain que les villes et districts de Philippopolis, Andrinople, Salonique et la province de Dalmatie, avec Raguse, Zara, Spalato et Durazzo.


VII

Telle était la situation de l’hellénisme quand eut lieu, après deux règnes d’empereurs-tuteurs, l’avènement définitif des deux petit-fils de Constantin Porphyrogénète, Basile II et Constantin VIII (976). Le premier était alors âgé de seize ans et le second de treize. Depuis un nombre presque égal d’années, puisqu’ils avaient été couronnés au berceau, ils régnaient nominalement. Ils allaient régner effectivement pendant un demi-siècle environ, le premier jusqu’en 1025, le second jusqu’en 1028. Une concorde toute fraternelle unissait les deux jeunes empereurs, grâce peut-être à l’extrême différence des esprits et des tempéramens. Constantin semble avoir été absolument insignifiant. C’était un Basileus quelconque, comme il s’en rencontre dans la longue série des souverains byzantins, ami du repos, résigné aux interminables cérémonies et liturgies du palais, bon à être peint sur une mosaïque à fond d’or avec le diadème en tête et le globe du monde dans sa dextre. Il ne parut qu’une fois sur les champs de bataille, et préféra sans doute mener avec des courtisans, eunuques, prêtres et moines, artistes ou philosophes, la vie d’un roi fainéant au fond du « palais gardé de Dieu. » Il rappelle beaucoup son aïeul, le studieux et sédentaire Porphyrogénète, et son père, le débonnaire époux de la belle Théophano.

Basile II, au contraire, semble avoir hérité l’esprit d’aventure,