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dis-moi comment s’appelle le nouveau venu[1] ; qui en est le parrain. Je te serre bien tendrement contre mon cœur, ainsi que nos trois chers enfans.

A toi pour la vie,

JEAN HARDY.


Nous lisons en marge : Cette lettre est la dernière que j’ai reçue de mon bien-aimé mari.

Le 27 mai (7 prairial), après avoir assuré, par ses victoires et sa bienveillance envers les vaincus, la pacification de la partie nord de Saint-Domingue, Hardy en organisait l’administration civile et militaire, lorsqu’il fut terrassé par la fièvre jaune.


{{c|Armée de Saint-Domingue. Division du Nord.
Ordre du jour du 8 prairial an X
(28 mai 1802).

Le général Hardy n’est plus ! La mort vient de l’enlever à ses frères d’armes, à ses amis.

L’armée de Saint-Domingue, et spécialement les divisions du Nord, sentiront vivement cette perte. Tous les braves, à cette nouvelle, honoreront sa tombe du souvenir de ses exploits, en attendant que la France entière s’associe à leur regret. Sa mémoire glorieuse survivra dans le cœur de ceux qui l’ont connu !

Le Chef d’état-major des divisions du Nord,

ISAR.


Dieu avait voulu épargner à Hardy les douleurs de la défaite. La fièvre jaune continua ses ravages ; elle emporta les généraux Leclerc, Richepanse, Debelle, Tolozé, Dugua, Dampierre, Desplanque, l’inspecteur aux revues Le Doyen, l’adjudant-général Larocheblin et plus de la moitié des 22 000 Français qui avaient débarqué dans l’île maudite.

Toussaint fut conduit et interné en France. Mais ses lieutenans Dessalines, Christophe, Clairvaux, Paul Louverture, jetèrent le masque de leur apparente soumission et soulevèrent les bataillons noirs, qu’on n’avait pas désarmés. La lutte recommença, implacable.

  1. Edouard.