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en bain acide. Ces substances forment enfin, avec les sels métalliques, des laques précieuses pour la fabrication des papiers peints ou colorés.

Les corps de cette classe sont en très grand nombre ; ils ont été introduits pour la première fois dans l’industrie par la Société de Saint-Denis (établissemens Poirrier, Dalsace) qui tient à honneur d’en développer la fabrication. Cette usine, la seule qui soutienne chez nous la comparaison avec les vastes établissemens de l’Allemagne, a eu sa grande part dans la création des colorans artificiels. Ses conseillers chimistes, MM. Roussin, Lauth, Rosenstiehl, Chappuis, l’ont constamment maintenue dans la voie de l’invention. Dans la catégorie des azoïques, elle a créé une riche série d’orangés, de jaunes, de ponceaux, coccéines, roccellines, noirphenylène. La Société badoise, de son côté, en a produit un grand nombre qui sont connus sous les noms de vésuvine, tropéoline, écarlate palatin, rouge de naphtylène, etc. Enfin un autre établissement, la « Société par actions pour la fabrication des couleurs d’aniline de Berlin, » qui emploie 600 ouvriers et occupe 30 chimistes, a doté l’industrie des couleurs Congo, brillans, corinthes, oranges, bruns, et a exercé, par là, une influence considérable sur la technique de la teinture.

Il serait abusif de retenir le lecteur jusqu’à l’achèvement de ce défilé interminable. Contentons-nous de signaler seulement deux autres classes, celle des colorans cétoniques et celle des dérivés du triphénylmethane.


Les colorans cétoniques correspondent au groupe chromophore CO. C’est à cette classe qu’appartient l’alizarine artificielle et, d’une manière générale, la belle collection de couleurs dérivées de l’anthracène. Ce sont des bruns, des marrons, des bleus verdâtres, des bleus foncés qui remplacent l’indigo pour la teinture de la laine et sont remarquables par leur résistance à l’air, à la lumière et aux lavages. Cette fabrication est presque tout entière monopolisée par la Société badoise.


La classe du triphénylméthane comprend une longue série de produits. Elle est la plus nombreuse, après la série azoïque. Elle comprend les dérivés de la rosaniline, les aurines, les phtaléines, etc.

La Société de Saint-Denis semble avoir concentré sur ce