Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 159.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UN ÉPISODE DE LA VIE
DE
RONSARD


I

Dans l’ample collection des Œuvres de P. de Ronsard, gentilhomme Vandomois, j’ai dû récemment étudier d’assez près une dizaine de pièces, formant ensemble quelques milliers de vers, bien connues sous le nom de Discours des Misères de ce temps, et dont l’intérêt historique n’a d’égal que la très grande importance littéraire. Les contemporains eux-mêmes du poète en ont fait presque autant d’estime que de ses Amours ou de ses Odes ; et, en 1623, Claude Garnier les mettait encore, — dans cette monumentale édition des Œuvres que l’on pourrait appeler le vrai tombeau du poète[1], — « au premier rang de tout ce que feu M. de Ronsard avait jamais fait voir au jour. » Ronsard lui-même, dans plusieurs éditions qu’il a données de son vivant, et notamment dans l’in-quarto de 1567 ; comme dans le magnifique in-folio de 1584[2], a voulu que les Discours des Misères de ce temps terminassent la série de ses poèmes et ainsi, que le lecteur qui le lirait jusqu’au bout demeurât sous l’impression de ces quelques pièces,

  1. Parce que la réputation de Ronsard est demeurée comme ensevelie sous le poids de ces deux in-folio, et que, pendant plus de deux cents ans, on n’a plus donné, — si ce n’est en 1629 et en dix petits volumes, — d’édition de ses Œuvres complètes.
  2. L’édition de 1567 est la première que Ronsard ait donnée sous le titre d’Œuvres, et l’édition de 1584 est la dernière qu’il ait lui-même revue.