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la tenue dû aux habitudes africaines était facile à remédier : il n’y avait qu’à prescrire à tous les chefs d’armée d’imiter le bel exemple de discipline et d’ordre que le maréchal de Castellane, animé d’un feu sacré plus fort que les années, leur donnait dans son commandement de Lyon.

L’augmentation de l’effectif pour le cas de guerre offrait bien plus de difficultés. L’Empereur chargea son ministre, le maréchal Randon, d’étudier le meilleur système de constituer en temps de paix une réserve exercée qui pût entrer utilement dans le rang aussitôt une déclaration de guerre. Il soumit le projet du ministre à la délibération des maréchaux réunis à Saint-Cloud (22, 26, 29 octobre 1860), et on arriva aux conclusions suivantes : les minima invariables d’effectifs furent fixés à 400 000 hommes en temps de paix, pouvant être portés à 650 000 en temps de guerre, ce qui exigeait un contingent annuel de 100 000 hommes, dont la partie laissée dans les foyers constituerait la réserve. La portion appelée sous les drapeaux ferait exactement sept années de service ; la portion laissée en réserve, et qui jusque-là n’avait été appelée qu’au moment de la guerre, serait exercée trois mois la première année, deux mois la seconde et un mois la troisième ; après quoi on ne lui demandait plus rien. Randon eût voulu que cette instruction de la réserve eût lieu dans les régimens, Castellane fit prévaloir l’avis de l’opérer dans les dépôts d’instruction. Ces mesures furent immédiatement appliquées et produisirent les meilleurs effets. « Notre réserve, disait Castellane à l’Empereur, va étonnamment bien. Les résultats obtenus sont au delà de ce qu’on peut espérer. Je n’aurais jamais cru qu’en trois mois on eût des cavaliers arrivés à ce degré d’instruction. Si on partait demain, on pourrait les incorporer dans des escadrons de guerre. »

Mais, quoique très importante, cette réforme n’était pas celle qui l’était le plus. Ce que l’expérience de la dernière guerre rendait urgent, c’était d’assurer la rapidité du passage du pied de paix au pied de guerre, par la réorganisation des services administratifs, des magasins de l’intendance, en un mot, par une décentralisation radicale de notre système de mobilisation. On a injustement reproché au maréchal Randon de n’avoir pas compris cette partie essentielle de sa tâche. Cet administrateur expérimenté avait, au contraire, préparé un projet excellent. Les titulaires des grands commandemens, qui n’avaient été d’abord que les chefs supérieurs des divisions militaires comprises dans leur ressort