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les nationalistes ; mais il cherche le remède dans le retour aux saines pratiques du gouvernement parlementaire, dont nous nous sommes déplorablement écartés. Le salut, à ses yeux, est dans la république libérale et parlementaire, tandis que la république jacobine, préface habituelle d’un gouvernement césarien, quel que soit d’ailleurs le nom dont il s’affuble, conduit à l’aggravation du mal dans le présent, et, pour changer, à un mal d’une autre nature dans l’avenir.

Nous ne savons si M. Méline réussira dans l’œuvre qu’il a entreprise, n’rencontrera certainement beaucoup de difficultés, qui, peut-être, ne viendront pas toutes de ses adversaires. Mais il mérite d’être encouragé et aidé. Il le mérite d’autant plus qu’il est, comme nous l’avons dit, le seul, parmi nos hommes politiques en dehors du pouvoir, à donner l’impression de la vie. Pendant que les autres attendent de quelque hasard parlementaire une occasion qui ne vient pas, — et qui, si elle venait, changerait quelques hommes de place, mais laisserait les choses abandonnées à l’anarchie et à l’intrigue, — il regarde, lui, plus loin que les couloirs du Palais-Bourbon. Il ne fait pas d’ailleurs de la politique pour demain. Sachant bien qu’il ne sera pas ministre avec la Chambre actuelle, ce n’est pas à cela qu’il vise, et il en devient plus libre d’esprit et plus indépendant d’allures. Enfin, on ne voit aujourd’hui que deux partis en pleine activité : les socialistes de M. Millerand, — ils ont fait aussi un manifeste en vue des élections municipales, — et les progressistes de M. Méline. Entre ces deux extrêmes, rien ne bouge. On n’y voit que des gens embarrassés, auxquels l’Exposition pourra donner une contenance : ils auront l’air d’être hypnotisés par elle. Le malheur est qu’ils ne remuaient pas plus avant qu’elle fût ouverte, ce qui permet de craindre qu’ils ne le fassent pas davantage lorsqu’elle sera fermée.


On aurait tort, sans doute, d’attacher trop d’importance aux polémiques dont certains journaux Italiens ont été remplis depuis quelques jours, et qui témoignaient d’une certaine mauvaise humeur contre l’Allemagne et l’Autriche ; il ne faut pas. non plus les laisser passer inaperçues. Elles ont eu en Europe quelque retentissement. La seule conclusion à en tirer est que la Triple Alliance n’a plus en Italie le même prestige, et qu’aux espérances du début ont succédé d’assez rudes déceptions. Cela tient à des causes nombreuses, et nous ne les énumérerons pas toutes ; ce serait toute une étude à faire. Mais la circonstance ou le prétexte qui a conduit l’opinion italienne à manifester quelque peu d’impatience est le suivant.