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et ses efforts personnels avaient efficacement préparé un si louable résultat.

On comprend l’intérêt que peut offrir la collection des lettres d’un excitateur d’idées tel que l’était Peiresc, et la liste de ses correspondans, où, à côté des plus grands personnages, figurent des diplomates, des artistes, des lettrés, des jurisconsultes, des orientalistes, des érudits, des poètes et des savans, montre assez la diversité des sujets qui sont traités dans ses lettres. Quels que soient ses goûts et ses occupations, tout lecteur de cette correspondance trouvera son compte dans cette vaste encyclopédie qui, sur les matières les plus variées, fournit des informations aussi nombreuses que sûres. C’est comme un immense répertoire où l’on apprend non seulement à bien connaître la France de cette époque, mais à aimer le noble esprit qui en a tracé une peinture si fidèle et si attachante.


III

Le savoir de Peiresc était, nous l’avons dit, très étendu, et sa curiosité vraiment universelle le portait tour à tour aux recherches les plus différentes. À cette époque, d’ailleurs, l’étude des sciences était bien loin d’offrir la complexité qu’elle présente aujourd’hui. Le domaine de chacune d’elles n’étant pas encore rigoureusement délimité, les savans ne demeuraient pas cantonnés dans les innombrables spécialisations auxquelles les condamne aujourd’hui l’extrême multiplicité des observations et des faits. Un grand esprit pouvait en embrasser l’ensemble et pressentir ou entrevoir les liens qu’elles ont entre elles. Peiresc fut un de ces esprits. Sa culture classique lui permettait de se rendre compte de l’état général des sciences dans l’antiquité et, par son instruction aussi bien que par sa propre intelligence, il était à même de se tenir au courant des progrès que les découvertes récentes venaient de réaliser dans chacune d’elles. Il abordait leur étude, non pas d’une façon systématique et abstraite, ainsi que trop souvent on l’avait fait jusque-là, mais avec un esprit à la fois très libre et très ouvert. Profondément religieux, il ne craignit jamais que ses croyances pussent être compromises par l’indépendance absolue avec laquelle il poursuivait la recherche de la vérité. « Le livre de la nature, disait-il, est le livre des livres et il n’y a rien de si concluant que les observations des choses elles-mêmes dont le