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REVUE LITTÉRAIRE

L’ÉDUCATION NATIONALE DANS L’UNIVERSITÉ

L’Université a fait beaucoup parler d’elle en ces derniers temps, et de la façon dont on n’en devrait jamais parler. Car ce n’est pas de ses méthodes d’enseignement qu’on s’est occupé, mais c’est du parti qu’elle prenait dans nos luttes politiques. Quelques-uns de ses membres, non des moindres, se sont efforcés de la jeter dans le vif des débats actuels. On a pu craindre qu’elle n’eût perdu, avec le calme qui convient à son rôle d’éducatrice, le sentiment lui-même de la mission qui lui est confiée. On a pu dire que ce grand corps était atteint par la maladie du cosmopolitisme, et que, formés par des maîtres dont le cerveau est hanté par les utopies humanitaires, les enfans de nos collèges n’apprennent plus à aimer leur pays. Rien n’est plus faux ; mais aussi rien ne serait plus dangereux pour l’Université que de laisser une pareille opinion se répandre. Elle l’a compris, et elle s’est hâtée de profiter de la première occasion qui s’est offerte, pour rassurer les familles qui ont eu jusqu’ici confiance en elle. C’est le sens des discours qui viennent d’être prononcés pour la distribution des prix dans les lycées de Paris, et cela leur prête un intérêt exceptionnel. Les harangues débitées dans les fêtes scolaires sont ordinairement d’une banalité pompeuse et d’une froideur communicative. Il n’en a pas été de même cette année. Plusieurs de ces discours portent les traces d’une réelle émotion, Ceux qui les ont prononcés, avec l’assentiment de l’autorité universitaire, ont eu à cœur de répondre à des inquiétudes qu’ils devinaient, de dissiper un malentendu dont les conséquences ne pourraient être que désastreuses, de dégager la responsabilité de