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en élevant ses pensées vers un idéal surhumain. Il le fit modéré sans faiblesse, condescendant sans servilité. Au contraire, le protestantisme, en supprimant le culte de la Vierge et la dévotion des images, commit l’erreur de transporter ce culte de la femme en général à chaque femme en particulier. Il se prit à réclamer de toutes les femmes mortelles les vertus de la femme céleste. Il suivit d’un regard méfiant leur personne, leur tenue, leurs actions, leurs sentimens. Il exigea plus, et il obtint moins. Et cette protestation n’est pas la seule que Mme Marholm ait lancée contre une conception trop éthérée de son sexe. A ses yeux, la femme n’est rien moins qu’un ange : c’est une créature de chair et d’instinct, qui doit applaudir de bon cœur à l’exclamation d’Emma Gemma dans la Grand’ Mère du Théâtre en Liberté :


J’aime mieux nos repas sur l’herbe...
nos rideaux
Et des mioches au sein que des ailes au dos.


Le catholicisme en revanche a bien compris ces faiblesses nécessaires de la nature humaine. « Au moyen âge, il aspira en lui la vie sentimentale de l’époque, pour la stimuler et l’apaiser tour à tour, pour lui apprendre les nuances, développer en elle des attraits plus fins et plus forts, et, à la Renaissance, la renvoyer enfin dans le siècle mieux armée et plus robuste... Il concentra dans son sein toute la sensualité de ce temps. »

Enfin Mme Marholm achève de nous prouver ses sympathies catholiques par le respect qu’elle témoigne aux ordres religieux de femmes. « Être religieuse, dit-elle, c’est un honneur, car c’est le fait d’une renonciation volontaire ; être vieille fille, ce n’est pas un honneur, car, d’ordinaire, on ne le devient pas de son plein gré. » « Personne ne traitera une nonne de vieille fille, écrit-elle ailleurs. Elle ne se sent pas telle, et n’en a ni l’aspect, ni la physionomie. Il y a chez les religieuses, même souffrantes et maladives, une sécurité paisible, quelque chose d’évidemment femme, qui manque précisément aux filles mûres. »

L’admiration que lui inspirent les résultats admirables obtenus par ces âmes dévouées apparaît surtout dans les pages qu’elle a consacrées à la comtesse Schimmelmann. Elle a raconté longuement<ref> Psychologie de la Femme. </<ref> la vie de cette ancienne dame d’honneur de l’impératrice