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et sa place est déjà marquée dans l’histoire de la littérature française. Aucun écrivain n’écrira l’histoire de notre temps sans en demander la chronique à Valbert, et ce ne sont pas seulement des idées qu’il lui empruntera, ce sera souvent aussi la forme qu’il leur a donnée. Ses romans, contemporains de ceux de Feuillet, marqueront, avec eux, mais autrement qu’eux, par d’autres qualités et d’autres nouveautés, une époque de l’art. Quelques-uns d’entre eux s’inscriront au nombre des chefs-d’œuvre de notre prose. On dira, en les relisant, que personne avant Cherbuliez n’a fait entrer dans le cadre des fictions romanesques plus d’esprit, ni autant d’idées. Mais tout ce que l’on a dit, et tout ce que l’on pourrait dire, et tout ce que diront le critique ou l’historien de l’avenir, j’ai pensé qu’on me pardonnerait de l’avoir indiqué seulement, ou même de ne l’avoir pas dit, si j’avais réussi, dans ces quelques mots, à faire passer avant l’hommage de mon admiration celui de ma reconnaissance et de mon affection pour Victor Cherbuliez. C’est ce que nous devons d’abord à ceux que nous avons connus. La postérité donne des rangs et juge les œuvres : les contemporains seuls sont capables de dire quel homme, — de quelle valeur, morale ou sociale, et digne de quels regrets ou de quels souvenirs, — il y avait dans un auteur.


F. BRUNETIÈRE.


Le Directeur-gérant,

F. BRUNETIÈRE.