Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 154.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les candidats ; mais n’avons-nous pas, dans l’enseignement secondaire et dans le primaire, assez de concours déjà et de diplômes ? C’est au point que l’on a quelque peine à trouver des présidens et des juges pour former tous ces jurys, et que. dans le mois où ils siègent ensemble, on ne laisse pas d’être embarrassé pour les loger tous. Bailleurs, à supposer que nous ayons gain de cause, la place qui sera faite à l’art dans le plan d’études lui restera, longtemps encore, étroitement mesurée. Dans ces conditions, a-t-on le droit d’imposer l’effort d’un concours à ceux que ne suffiraient point à occuper les quelques heures de service qui leur seraient demandées ? Enfin, en réservant aux seuls possesseurs de ce parchemin le privilège de parler d’art à la jeunesse, ne s’exposerait-on pas à se priver de précieux concours ? Je proposerais donc que, pour le moment, on se contentât de tirer parti des élémens que l’on a sous la main. Ce serait aux professeurs d’histoire que, dans la plupart des cas, il conviendrait de s’adresser. Toutes sommaires qu’elles sont, les indications des programmes actuels ont pu déjà contribuer à appeler leur attention sur les ouvrages de la plastique. Ils sont d’ailleurs inclinés, par la nature même de leur fonction, sinon à lire plus que leurs collègues, du moins à lire des livres plus variés ; ils sauront plus vite s’orienter vers une nouvelle étude. Parmi ceux qui sont maintenant en fonction, beaucoup sont et resteront, jusqu’au jour de leur retraite, assez novices en matière d’art ; mais il faudra prendre patience et compter, pour développer cet enseignement, sur le temps et sur le renouvellement du personnel.

Déjà, dans ces dernières années, les présidens de l’agrégation dite d’histoire et de géographie, justement préoccupés d’élargir le champ des études historiques, ont entrepris de réserver une place à l’art dans les épreuves de ce concours. En 1896, comme sujet d’une des quatre compositions écrites, on avait donné : Les grandes Époques de V Art gothique en France au moyen âge[1]. Presque chaque année, parmi les sujets des leçons dont se compose la partie orale de l’examen, il y en a qui portent sur ces mêmes matières. Voici ceux que nous relevons sur une liste qui

  1. Dans le rapport qu’il a présenté au ministre sur le concours de 1896, M. Lavisse, président du jury, insiste en ces termes sur la raison qui l’a décidé à proposer cette question : « Le sujet de la composition historique a été donné pour rappeler aux candidats que l’histoire politique n’est pas toute l’histoire. Il était difficile et peut-être imprévu. La composition a été pourtant satisfaisante. Il est probable qu’elle aurait été mauvaise il y a quelques années. »