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Le mérite du succès revient à plusieurs champions : à Reginald Fitz et à ses confrères américains ; aux Allemands Matterstock, Kümmel et Sonnenburg ; à M, With, de Copenhague ; à M. Roux, de Lausanne ; à M. Talamon, de Paris.

Il ne faut pas trouver l’effort disproportionné au résultat. On aurait tort de considérer avec dédain cette querelle séculaire relative à la localisation des accidens intestinaux dans l’un ou l’autre de ces organes contigus, le cæcum, l’appendice. Deux raisons, l’une générale, l’autre particulière, doivent nous en empêcher. Les procès scientifiques dont l’objet est le plus limité, comme celui-ci, ou le plus humble en apparence, se relèvent et se haussent au niveau des plus importans, parce que la procédure pour la distinction de la vérité et de l’erreur y est la même, et parce que la démonstration y est aussi la même des efforts qu’il faut à l’observation directe pour triompher des préventions établies. En second lieu, cette question de théorie offre un intérêt pratique qui n’est pas à dédaigner. Le cæcum est intangible, inopérable ; s’il est la cause du mal, le chirurgien ne peut songer à supprimer ce mal. Au contraire, l’appendice vermiforme est parfaitement accessible ; son ablation est possible. On sait, depuis Morgagni et Portal, qu’elle peut être faite sans dommage chez les animaux. Elle le sera avec profit chez l’homme, et elle amènera la guérison des accidens, si véritablement ils ont leur principe dans cet organe.


II

Il ne suffit pas de savoir que l’appendice est le véritable point de départ des accidens intestinaux. Ce n’est là qu’un préambule. Il faut chercher comment et pourquoi il s’enflamme. Il faut résoudre toutes les questions relatives à la marche de la maladie, à ses symptômes, à ses complications, à son pronostic et à son traitement. C’est à quoi ont été employés, depuis quelques années, les efforts des médecins et des chirurgiens de tous les pays. Cette histoire, trop spéciale, n’a passa place ici, naturellement : nous n’en devons signaler que quelques points.

Les anatomistes, depuis Vidius en 1561 et Bauhin en 1605, ont donné une certaine attention à ces organes, le cæcum et l’appendice ; ils en ont fourni des descriptions exactes. La physiologie les a négligés ; elle ne leur voyait pas de rôle. De fait, il semble bien qu’ils n’aient d’intérêt que par leur nuisance pathologique. Leur présence semble être le résultat d’une opération incomplète de la nature, qui,