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réduire ; et, si l’on le supprimait tout à fait, ce n’est pas seulement les examinateurs qui se trouveraient allégés de la moitié de leur tâche, mais les élèves aussi qu’on aurait délivrés de l’épreuve qui leur rend l’examen pénible. C’est une véritable torture pour un amour-propre de seize ou dix-huit ans qu’un interrogatoire plus ou moins solennel, entre l’attente moqueuse des « camarades » et le sourire ennuyé des maîtres.

Mais on peut faire un dernier pas, et, puisqu’on veut qu’il soit un si grand « malfaiteur, » pourquoi ne supprimerait-on pas le baccalauréat ? c’est-à-dire pourquoi, à l’entrée de toutes les carrières auxquelles il donne plus ou moins accès, ne lui substituerait-on pas un « examen de carrière ? » Le certificat d’études serait alors un simple certificat : établissemens libres ou établissemens de l’Etat, le directeur « certifierait » que l’élève y a passé tant d’années, en telles et telles conditions, qui seraient elles-mêmes « authentiquées » par les inscriptions de son livret scolaire ; et ce serait aux professeurs de l’Ecole de Droit ou de l’Ecole de Médecine, par exemple, qu’il appartiendrait, après examen, de décider si le candidat leur semble apte à suivre utilement les cours de l’Ecole de Médecine ou de l’Ecole de Droit.

Il est vrai qu’à leur tour, MM. de l’Ecole de Médecine ou de Droit se plaindront « qu’on leur impose « un fardeau écrasant, » qui « dénature leurs fonctions, » et qui « porte un préjudice considérable à leurs recherches et à leurs travaux. » On n’aura qu’à les laisser dire, et l’objection nous touche peu. L’éminent vice-recteur de l’Académie de Paris. M. Gréard, en a soulevé d’autres, que M. Pozzi, dans son Rapport, trouve « très fortes. » Elles ne sont pas non plus insurmontables. « Qu’il s’agisse d’une grande administration ou d’une école spéciale, disait M. Gréard, de quels élémens composer le jury chargé de s’assurer que le candidat possède le fond de culture générale qu’il apporte du lycée ou du collège ? » Mais, répondrons-nous, tout simplement, des M élémens » que l’on voudra. Nous ne doutons pas qu’il y ait, au ministère des Affaires étrangères, par exemple, de nombreux fonctionnaires qui connaissent aussi bien que pas un agrégé d’histoire, — quoique non pas de la même manière, — l’histoire de l’Europe moderne. On ne voit pas du tout pourquoi les fonctionnaires de l’administration des Postes et Télégraphes seraient incapables d’apprécier à sa juste valeur une composition française. Et, si l’on décidait de maintenir du latin à l’entrée