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ou Alger, plus exactement l’un et l’autre, comme points de départ, voilà déjà le tracé en grande partie déterminé. Il convient, en outre, que le Transsaharien suive la voie la plus courte entre Philippeville ou Alger et le Tchad ; cette voie, c’est celle par laquelle se sont faites toutes les grandes reconnaissances et les explorations, à savoir la voie de Biskra, Ouargla, Amguid, longeant et laissant à l’ouest le massif volcanique du Hoggar, puis desservant les vallées fertiles de l’Aïr, C’est le tracé le plus court, celui qui a toujours paru le plus naturel ; on y rencontrera les nombreuses oasis de l’Oued Rir, puis les oasis futures que, d’après le capitaine Pein, on pourrait un jour créer ou améliorer, ainsi qu’il a été dit plus haut, en pays touareg ; on longera les contrées qui peuvent contenir des richesses minérales ou minières, la sebkha d’Amagdor ; on aura, sur le parcours méridional, une partie des transports des salines de Bilma ; on pourra également peut-être transporter au Soudan le sel des chotts algériens. Cette voie a toujours été recommandée aussi bien par les militaires que par les civils.

Quelques personnes se laissent séduire à l’idée de faire passer le Transsaharien par les oasis du Touat, qu’il est toujours question que nous prenions. Depuis vingt ans, nous insistons pour l’occupation du Touat ; mais ce n’est nullement par là que doit passer le Transsaharien ; il n’en pourrait être ainsi que si l’on avait Tombouctou pour but. Comme on doit, au contraire, aboutir au lac Tchad, la partie supérieure du chemin, si elle devait parcourir le Touat, serait rejetée beaucoup trop à l’ouest ; on allongerait de 400 à 500 kilomètres au moins la longueur de la ligne entre la Méditerranée et la région du Tchad ; ce serait une faute colossale. Le Transsaharien doit être aussi court que possible : de Philippeville à la région du Tchad, par Biskra, Ouargla, Amguid, la sebka d’Amagdor, l’Aïr, il aura 2 700 à 2 800 kilomètres ; ce serait une folie que de l’allonger en rejetant vers l’ouest la partie supérieure. Il faut imiter les Russes, qui ont cherché pour leur Transsibérien le plus court trajet possible et qui n’ont pas hésité à ne desservir que par un embranchement la ville la plus importante de la Sibérie, Tomsk, afin de ne pas dévier le tronc principal.

Si nous occupons le Touat, on pourra relier ses oasis soit à Oran, soit de préférence à Alger par un chemin de fer spécial qui aura quelques chances non seulement de faire ses frais, mais de