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au sens absolu du mot, tout au moins comme une des contrées, relativement à leur étendue, les plus planes de l’Afrique. Pour se rendre du Cap au Transvaal on gravit de bien autres sommets.

Ainsi, terrain rocheux, plutôt que sablonneux, relief modique du sol, voilà les caractéristiques du pays. Pour l’établissement d’un chemin de fer, pour le coût de construction et d’exploitation, elles sont favorables. Le manque d’eau, il est vrai, est une condition contraire ; mais ce manque d’eau n’est nullement absolu. Dans toute la partie septentrionale, de Biskra à Tougourt, la sonde artésienne a fait jaillir des quantités de nappes et surgir de nombreuses oasis. Au sud de Tougourt jusqu’au de la d’El Biod, sur 700 ou 800 kilomètres, s’étend la vallée de l’Igharghar, et, outre les puits qui s’y rencontrent actuellement, la sonde artésienne en fera certainement trouver d’autres. Le Sahara méridional, recevant d’ailleurs déjà les pluies tropicales, dans la grande section qui va d’Asiou au Tchad et qui représente un bon tiers du tracé du Transsaharien, les puits sont nombreux. Il reste le haut plateau du Tassili, d’une longueur de 400 à 500 kilomètres, formant la chaîne de partage des eaux entre la Méditerranée et l’Atlantique ; là, les puits sont plus rares ; mais il en existe pour alimenter les caravanes assez fréquentes qui traversent cette région, la plus désolée du Sahara. Flatters lui-même l’a parcourue tout entière avec 277 chameaux et une soixantaine d’hommes, sans compter tous les Touareg qui le suivaient et l’épiaient de loin ; et ce ne sont pas les huit jours d’eau que portaient ses chameaux de charge qui ont pu suppléer à celle qui aurait manqué durant ce trajet de 400 à 500 kilomètres. MM. Foureau et Lamy, avec une expédition comprenant un millier de chameaux et plusieurs centaines d’hommes, ont éprouvé de la difficulté à se ravitailler en eau dans une partie du parcours du Tassili ; mais enfin ils y sont parvenus. L’on conviendra qu’il faut moins d’eau pour alimenter quelques trains de chemin de fer que pour des milliers de chameaux et d’hommes. Puis ces eaux ne sont pas aménagées, ces puits ne sont pas entretenus ; l’on peut avoir la certitude que, la science européenne et surtout le soin et la vigilance des Européens aidant, les ressources en eau de cette région seront considérablement accrues.

C’est ce qui est arrivé partout pour les chemins de fer désertiques qui, à l’heure actuelle, foisonnent dans le monde. On en compte plus de 10 000 kilomètres, soit dans le désert d’Atacama,