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et les difficultés d’exécution sont bien autrement grandes dans le premier cas que dans le second.

Ce n’est donc pas l’étendue de la ligne qui doit nous arrêter ; d’autant moins que, si l’on décompose cette étendue, on voit que, même en renonçant à réunir l’Algérie au Soudan, une notable partie des 2 700 ou 2800 kilomètres devra être faite à bref délai, soit au titre de chemins de fer algériens, soit au titre de chemins de fer soudanais. C’est le cas d’abord pour les 370 kilomètres de Biskra à Ouargla, lesquels sont étudiés depuis une quinzaine d’années et qui font l’objet d’un projet ministériel et d’une demande de concession. On peut considérer qu’en tout état de cause ces 370 kilomètres seront construits prochainement.

Il en est de même, quoique l’exécution puisse en être un peu plus différée, de la ligne ferrée devant relier la grande chaîne d’oasis du Sahara méridional, l’Aïr, tout au moins la capitale de cette région, Agadès, à notre Soudan, soit à Sinder, soit à un point voisin. Il est en effet inadmissible que, contrairement à tous les peuples colonisateurs. Russes, Anglais, Belges, nous ayons la prétention de posséder éternellement des territoires fertiles sans y faire de travaux publics. Le voyageur allemand Barth, le plus exact peut-être des explorateurs, a fait de la région de l’Aïr, de ses vallées, de ses productions, un tableau séduisant. La jonction de cette contrée au Soudan par une ligne ferrée s’imposera, quelle que doive être la décision relative au Transsaharien. En me reportant au grand ouvrage de Barth et à la carte de l’Aïr et du Damerghou, qu’il contient, je relève, à partir du 20e degré, et même un peu au-dessus, une suite d’annotations mentionnant de riches vallées, de bonnes eaux, une végétation abondante et constatant soit la richesse, soit les élémens de richesse du pays. Ainsi : Djinninan, schönes Thal mit einem Wald schöner Baüme und Weidegrund von tropischem Ansehen (belle vallée, avec un bois de beaux arbres et des pâturages d’aspect tropical), et cela à guère plus de cent kilomètres au sud du puits d’Asiou ; Thal (vallée) von Selufiet, mit vielen Baümen, Gebüsch und gutem Wasser (avec beaucoup d’arbres, de bosquets et de bonne eau) ; Brunnen von Eghellal, Baumreiches Thal (fontaine d’Egellal, vallée riche en arbres) ; Ausgedehnte Ebene mit guten Weidegrüinden ( plaine étendue avec de bons pâturages) ; Thalï Borhel, gut bevöôlkert und reich an Dumbäumen, Kameelen und Ziegen (vallée de Borhel, bien peuplée et riche en palmiers-doum, en chameaux et chèvres) ;