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le sanatorium populaire de Taïtsy, organisé par la Société des médecins russes à Saint-Pétersbourg, à l’aide de fonds accordés par Sa Majesté l’Empereur de Russie ; enfin le sanatorium évangélique payant, fondé tout récemment à Pitkijärwi, en Finlande, grâce à des libéralités privées.

Pour apprécier convenablement l’utilité des sanatoriums, on ne peut mieux faire que de recourir aux données statistiques. On peut affirmer, dès à présent, que la mortalité des phtisiques dans ces établissemens est cinq fois plus faible que dans les hôpitaux, et que jamais auparavant le traitement des phtisiques n’avait donné d’aussi bons résultats. Les chiffres bruts nous montrent que dans 70 cas sur 100, l’on observe une amélioration plus ou moins sensible de l’état du malade ; la proportion des guérisons complètes est de 13 à 22 pour 100 et celle des guérisons relatives s’élève au chiffre de 28 à 37 pour 100.

Au sanatorium impérial de Halila, durant les six années de son existence, sur un nombre total de 607 personnes en traitement (250 hommes et 357 femmes), la statistique accuse 48,3 pour 100 d’améliorations et 23,5 pour 100 de guérisons.

Dans les hôpitaux, la mortalité des phtisiques varie de 23 à 62 pour 100 (45 pour 100 en moyenne), tandis que dans les sanatoriums elle oscille entre 23 et 12,7 pour 100, non comptés les cas de tuberculose avancée (destruction des poumons, formation de cavernes). La différence, on le voit, est énorme.

Le plus ancien des sanatoriums populaires allemands est l’établissement connu sous le nom de Ruppertshain. La proportion des guérisons y est de 13 pour 100, chiffre inférieur à ceux qui ont été publiés par les autres sanatoriums d’Europe Si modeste que soit ce résultat, il représente encore le salut d’un grand nombre d’êtres humains. D’après l’estimation du professeur Ziemssen, de Munich, le nombre total des phtisiques en Allemagne étant de 1 200 000, — 13 pour 100 de guérisons complètes, — c’est 150 000 vies humaines arrachées à la mort. C’est là un chiffre assez respectable.

La pureté exclusive de l’air du littoral, et les conditions favorables du climat marin en général, ont déterminé la fondation de sanatoriums sur les côtes. Les premiers ont été des asiles spéciaux destinés aux enfans scrofuleux et tuberculeux ; l’idée de leur organisation remonte à l’année 1750. À cette époque, un médecin anglais, M. R. Russel, avait publié ses observations, desquelles il