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le fait qu’une diminution de 1 pour 100 dans la quantité de l’oxygène atmosphérique pourrait retentir défavorablement sur la santé des représentans du règne animal, on conçoit facilement que l’atmosphère serait devenue depuis longtemps impropre à la vie si la nature ne réparait pas le déficit d’oxygène. Par bonheur pour l’humanité, l’équilibre de composition de l’air atmosphérique se maintient, grâce à l’universelle circulation de la matière et grâce à la vie du monde végétal qui restitue journellement à l’atmosphère une énorme quantité d’oxygène. Suivant Mendéléieff, le tapis végétal qui recouvre notre planète produit annuellement 15 000 milliards de kilogrammes d’oxygène ; et les habitans du globe ne consomment en tout que mille milliards de kilogrammes.

Maintenant, une fois que nous savons quel rôle colossal est dévolu à la végétation et au soleil dans l’équilibre de composition de l’atmosphère, nous sommes en droit de nous demander avec le professeur Luys, l’auteur de l’excellent ouvrage intitulé l’Air et l’Eau, ce qu’il advient de l’air atmosphérique dans les villes privées de soleil et de verdure, ou encore en hiver, alors que la vie végétale est pour ainsi dire suspendue ?

Autre considération. Les gaz entrant dans la constitution de l’atmosphère sont doués de poids spécifiques différens : l’acide carbonique est plus lourd que l’oxygène, l’oxygène est plus pesant que l’azote ; l’ammoniaque et la vapeur d’eau sont très légères. Si ces gaz se répartissaient dans l’atmosphère conformément à leurs densités, la couche la plus rapprochée du sol serait constituée par le gaz carbonique (gaz toxique) qui est le plus lourd. Mais ici encore des lois naturelles parent à ce danger. D’après la loi de diffusion, tous les corps gazeux tendent à se mélanger uniformément ; la composition de l’atmosphère se maintient donc constante en dépit des différences de densité. D’ailleurs les courans aériens et les vents contribuent de leur côté à mélanger les gaz atmosphériques, et grâce à eux, l’acide carbonique qui s’élabore dans les cités, au cours des phénomènes de respiration et de combustion, est entraîné dans d’autres localités, où, sous l’action combinée de la végétation et du soleil, il se décompose en régénérant l’oxygène, lequel, à son tour, est ramené dans les villes.

Le vent, outre l’action directe qu’il exerce sur notre corps en modifiant la température de l’air inspiré et les échanges