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LES COMMERÇANS CHINOIS
ET LES CORPORATIONS

Le commerce a en Chine une place importante, beaucoup d’Européens diraient que c’est la première place, et à cette assertion ils ajouteraient l’éloge de la droiture, de la solidité des grandes maisons chinoises. Mais qui sont les commerçans ? comment sont constituées ces maisons ? quel rôle joue la classe commerçante dans la nation et dans l’Etat ? c’est ce que l’on sait moins, et c’est ce que je me propose de rechercher.


I

Dans une rue de Péking, les marchands frappent l’oreille et attirent l’œil de tous côtés. A chaque pas, on rencontre des hommes ou de jeunes garçons portant un éventaire chargé des friandises populaires, petits gâteaux au riz ou grains de pastèques, patates chaudes en hiver, soan mei thang[1] en été ; le barbier fait retentir ses plats de cuivre, un autre agite son tambourin à grelots ; puis, ce sont les appels des porteurs d’eau, des coulies qui charrient les paniers d’huile sur des brouettes. Aux places fréquentées, sur les boulevards et aux portes de la ville, le tumulte est étourdissant et la foule difficile à fendre. Aux marchands ambulans, il faut joindre les fiacres qui stationnent, les diseurs d’histoires, les faiseurs de tours, dont la voix retentit au milieu d’un cercle de badauds, les marchands de vieilles hardes qui

  1. Sirop de prunes glacé.