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Toscane ; mais il est bien entendu que vous ne supposez pas que nos troupes se prêtent à une restauration, et qu’en aucun cas, nous n’admettrons l’intervention des troupes de Votre Majesté. La France a protesté contre ces interventions avant la guerre : a fortiori, aujourd’hui. » François-Joseph, convaincu que les Princes seraient spontanément rappelés par leurs sujets, ne voulut pas approfondir la difficulté. « Bornons-nous pour le moment à admettre que vous ne vous opposerez pas à la rentrée des deux Ducs. » Il ne contesta pas que les Grands-Ducs rentrés chez eux fussent obligés de donner une amnistie générale, il n’admit pas qu’on leur imposât une constitution. « Je ne comprends pas, dit-il, que l’Empereur Napoléon y tienne, car, au fond, je ne vois pas qu’il y ait beaucoup plus de constitution en France qu’en Autriche. » — Le Prince fit observer que, si les institutions de la France n’étaient pas très libérales, cela s’expliquait par les nombreux bouleversemens, les partis, les prétendans, mais que le suffrage universel était partout ; que la Chambre des députés avait un contrôle très sérieux, que toutes les lois portaient le cachet le plus libéral d’égalité, que tous les pays de l’Europe, et l’Italie, en particulier, avaient fort à faire avant d’être à ce niveau ; L’Empire n’était pas un gouvernement parlementaire à l’anglaise, c’était une démocratie représentative qui, avec le temps et le calme, se développerait beaucoup. L’Empereur, ajoutait-il, considérait l’existence des constitutions comme l’une des conditions les plus indispensables d’une Confédération. « Je ne m’oppose pas, dit François-Joseph, à ce que des constitutions soient données en Italie, mais le stipuler dans ces préliminaires serait une anomalie de ma part. »

Les préliminaires indiquaient qu’on demanderait au Pape des réformes nécessaires et la séparation administrative des Légations. — « Je désire, dit François-Joseph, autant que vous, que le Saint-Père fasse les réformes nécessaires, c’est une garantie de tranquillité à laquelle je tiens beaucoup ; je ne crois pas cependant qu’il y ait à faire dans les États romains autant qu’on veut bien le dire. Bornons-nous donc à stipuler que nous conseillons des réformes indispensables. » Le Prince n’insista pas, et moins encore sur la séparation administrative des Légations, expédient à l’efficacité duquel il ne croyait pas. Mais il ne concéda pas que la présidence du Pape fût autre qu’honoraire.

On en vint aux moyens pratiques pour la réunion des plénipotentiaires ;