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qu’il faut donner à l’antenne et son inclinaison sont précisément en rapport avec cette nécessité d’éviter les étouffoirs constitués par les reliefs du sol ou par la convexité des eaux.


La disposition de l’appareil destiné à lancer les ondes électriques ou à les recueillir (révéler) est évidemment commandée par les lois de la propagation de ce genre d’électricité. Or que sait-on à cet égard?

Il faut bien d’abord se pénétrer de cette idée que l’électricité mise en œuvre dans la télégraphie sans fil est une variété différente de celle qu’utilise la télégraphie ordinaire. Celle-ci, c’est le courant de pile ; et, on n’a pas connu autre chose jusqu’en 1887, c’est-à-dire jusqu’aux travaux de H. Hertz. Ce courant circule dans le fil conducteur comme l’eau dans une conduite. C’est au moins l’image qu’on s’en fait.

L’électricité hertzienne est d’une autre espèce. C’est un flux discontinu : il est formé d’une série d’ébranlemens extrêmement courts (il y en a plusieurs milliards à la seconde) ; chacun de ces ébranlemens, nommé onde électrique, oscillation, vibration, est comparable à une vibration de lumière polarisée, et met en jeu une énergie qui croît de zéro à un maximum et retombe à zéro. Il y aurait beaucoup à dire sur la nature de ces ondes et les circonstances de leur production. Nous y reviendrons tout à l’heure. Pour le moment il ne s’agit que du mode de propagation. Or, ce mode de propagation est différent aussi de celui du courant électrique ordinaire. Nous parlons du mode de propagation, au singulier; il en faudrait parler au pluriel, car il y en a deux : la conduction et la radiation.

L’onde électrique peut cheminer le long des fils, comme le courant ordinaire ; et à l’exclusion de celui-ci elle chemine également dans l’espace, sans conducteur, par rayonnement. Dans le télégraphe sans fil, l’onde électrique engendrée à la station de départ, au moyen d’un appareil convenable (système de Righi) est conduite jusqu’au point de lancement, au sommet du mât, à l’extrémité de l’antenne. Telle est sa première étape. Il n’y a pas à s’en préoccuper ici. Cette phase n’a d’intérêt qu’au point de vue de la théorie. Il suffit de savoir que cette circulation se fait d’une manière qui (sauf en ce qui concerne la vitesse, qui est la même) n’a aucun rapport avec la manière dont se propage le courant continu de pile : elle ne ressemble en rien à un écoulement d’eau. Le flux électrique reste, en effet, à la surface du conducteur sans le pénétrer; il s’y répand transversalement. On pourrait se faire une image de cette progression en comparant ce flux à une couche de peinture que le peintre étendrait à la surface d’un tuyau