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faire observer que l’on se taisait. Mais M. Méline, lui, fut abreuvé d’invectives. Un publiciste de Meulan, M. Maréchaux, rapporteur de la commission de propagande, dénonça la « promiscuité infâme entre l’or des fonds secrets et la mitraille dorée du Vatican, » le pape devenant « socialiste, » les curés « chantant des Te Deum pour la République[1]. » — « La maçonnerie, déclara M. le colonel Sever, député socialiste du Nord, doit tout entière se précipiter dans la lutte, son conseil de l’ordre en tête[2]. » M. Hubbard recueillit une triple salve d’applaudissemens en flétrissant le ministère « qui transforme la France en une province vassale de la congrégation du Gesù, du collège des cardinaux italiens, du pape italien infaillible[3]. » M. Dequaire fut vivement fêté lorsque, faisant bon marché de l’interdiction que lui avait faite M. Rambaud, ministre de l’Instruction publique[4], de porter d’un bout à l’autre du territoire son activité de « commis voyageur en maçonnerie[5], » il clôtura le banquet du convent en criant que c’était la « veillée des armes[6]. » — « De l’action, citoyens, encore de l’action, et toujours de l’action[7]! » C’est M. Lucipia qui poussait cette clameur, et M. Urbain saluait en lui son « ancien complice d’il y a vingt-sept ans, son compagnon de bagne[8]. » Les réminiscences de l’insurrection de 1871 emplissaient l’atmosphère de la rue Cadet. Le mot de « trésor de guerre »[9] était prononcé; c’est sur les lèvres de M. Adrien Duvand, l’instigateur de nos « patronages laïques, » qu’on le saisissait, et M. Duvand voulait, au nom de la commission de propagande, « englober dans la grande famille qui lutterait en mai toutes les fractions dignes de ce nom du parti républicain[10]. »

À quel prix s’achetait ce nom de « républicain? » De sourdes divisions sillonnaient l’assemblée ; la question de l’anticléricalisme

  1. C. R. G. O., 20-25 sept. 1897, p. 176.
  2. C. R. G. O., id., p. 153.
  3. C. R. G. O., id., p. 294-295.
  4. Voir C. R. G. O., avril-mai 1897, p. 25-26, 42-43; mai-juin 1897, p. 21, les protestations des loges contre cette interdiction de « l’ex-frère Rambaud, qui oublie que la République a pris naissance dans les loges. »
  5. B. G. O., août-sept. 1894, p. 380.
  6. C. R. G. O., 20-25 sept. 1897, p. 309.
  7. C. R. G. O., id., p. 310.
  8. C. R. G. O., id., p. 305.
  9. C. R. G. O., id., p. 181.
  10. C. R. G. O., 20-25 sept. 1897, p. 182. — Le congrès des Loges de l’Ouest, tenu à Angoulême, venait aussi de se prononcer pour la concentration à gauche. (Compte rendu, p. 48.)