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qu’en enfonçant un de ces cadres, jusqu’à ce que les rebords s’appliquent exactement sur le sol, on emprisonne 6 ou 8 litres de terre, puis, qu’en pesant, on ait un nombre dont on défalque d’abord le poids du cadre, de façon à trouver le poids de la terre enlevée. En déterminant au laboratoire la quantité d’eau que contient un petit échantillon de cette terre, on calcule aisément l’humidité à retrancher pour avoir le poids de la terre sèche. En divisant enfin ce dernier nombre par la densité, on a le volume occupé par la terre sèche jet, en y ajoutant celui de l’eau, qui se confond avec son poids, on obtient un chiffre très inférieur à 6, ou à 8, capacité des cadres employés[1]. La différence représente l’air contenu dans le sol.

On constate ainsi qu’une terre bien travaillée à la bêche renferme jusqu’à 45 volumes d’air sur 100 ; elle est donc extraordinairement poreuse. D’autres terres, soumises aux travaux moins parfaits exécutés par les instrumens attelés, contenaient de 30 à 40 volumes d’air pour 100 volumes de terre. En appliquant ce mode de recherche à des terres de prairies, ou de forêts, abandonnées à la végétation spontanée depuis un temps immémorial sans avoir jamais été ouvertes par la charrue, on s’aperçoit avec étonnement qu’elles renferment encore une grande quantité d’air : 20 volumes sur 100, environ. Les différences ne sont donc pas aussi considérables qu’on aurait pu le supposer ; elles sont trop faibles pour qu’on puisse admettre que le travail du sol a essentiellement pour but de l’aérer. On est d’autant mieux persuadé que ce n’est pas là son utilité principale, que toutes les analyses de l’air extrait du sol montrent qu’il est oxygéné. Or, quand on enferme de l’air et de la terre humide dans un flacon, et qu’après quelques jours on procède à l’analyse, on reconnaît que tout l’oxygène a disparu et qu’il est partiellement remplacé par de l’acide carbonique. Si l’air contenu dans le sol est oxygéné, c’est donc qu’il n’y est pas confiné, comme on le dit quelquefois à tort, mais qu’il est, au contraire, en libre communication avec l’atmosphère et que les échanges sont constans. Ils sont déterminés par les variations barométriques et, en outre, par les dilatations et contractions successives que subit l’air du sol, échauffé pendant le jour, ou refroidi pendant la nuit.

L’air circule librement dans le sol toutes les fois que l’eau n’y

  1. Le détail des déterminations se trouve dans le tome XXII des Annales agronomiques, p. 449.