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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier.


M. le comte Mouravief a adressé aux représentais des puissances à Saint-Pétersbourg une circulaire destinée à développer et à préciser les vues que l’empereur Nicolas a ouvertes, au milieu du mois d’août dernier, aux méditations de tous les gouvernemens, et, on peut le dire, de tous les peuples. La première circulaire russe a provoqué tout d’abord une vive sympathie, et inspiré ensuite quelques réserves. Cela est dans la nature des choses. Mais, après ce double mouvement d’adhésion sentimentale et d’hésitation trop purement raisonnable, le moment est venu d’aborder en face un problème aussi hardiment posé, d’en décomposer les élémens divers, et de rechercher parmi eux ce qui est pratique et immédiatement réalisable et ce qu’il faut peut-être en ajourner, en un mot ce que le présent peut en prendre et ce qu’il faut en laisser à l’avenir.

Le gouvernement russe, ou plutôt l’empereur de Russie, — car c’est lui certainement qui a eu la conception première, et son ministre des Affaires étrangères s’est contenté d’en faire part aux chancelleries, — l’empereur Nicolas était mieux qualifié que personne pour cette généreuse entreprise. Adoucir les maux de la guerre a été la préoccupation constante de ses plus illustres prédécesseurs, et ce qu’il y avait en eux de religieux, et même de mystique, les y inclinait naturellement. Ce serait une longue histoire à écrire que celle des tentatives de la diplomatie russe en vue de rendre la guerre moins cruelle : il est d’ailleurs à peine besoin de dire qu’elles ont encore insuffisamment réussi. De toutes ces tentatives, la dernière date de 1874, peu de temps après la guerre franco-allemande. L’empereur Alexandre II s’est adressé alors à tous les gouvernemens, comme vient de le faire son petit-fils, et leur a proposé d’envoyer des représentans à une conférence internationale où seraient discutées un certain nombre des questions que l’inhumanité de la guerre avait posées à l’humanité des chancelleries. La conférence s’est réunie à Bruxelles, capitale d’un petit pays