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dérivées de l’importante maison Haas, dont il convient de citer le nom, à l’honneur de notre commerce national. Cet établissement commercial doit du reste son origine et son développement à la méthode précisément pratiquée par les Allemands et dont je viens de donner la description. C’est la seule maison française faisant bonne figure dans le haut commerce du Salvador.

Nous retrouvons ensuite les Allemands dans le Guatemala, où ils ne sont pas simplement en majorité, mais forment la presque totalité des Européens établis en ce pays. Là, comme nous l’avons dit, ils se sont en outre spécialisés dans la culture du café et ils possèdent plus du tiers des terres qui le produisent. Commerce et capitaux sont entra leurs mains, et, comme au Venezuela, ils monopolisent, ou à peu près, tout le mouvement d’affaires entre le Guatemala et l’Europe.

Si nous revenons dans l’Atlantique, nous voyons encore les Allemands au Brésil et dans la République Argentine, tenant, là aussi, la totalité du négoce et surtout du haut commerce. Or, ce que nous venons de constater dans ce voyage autour de la mer des Antilles est, paraît-il, la reproduction de ce qu’on pourrait voir presque partout. Partout, en effet, on retrouverait ces groupes d’Allemands, toujours maîtres de la fortune commerciale des régions où ils ont pris pied. Partout aussi on constaterait que leurs admirables colonies, quoique liées très intimement aux pays sur lesquels elles ont grandi et prospèrent, conservent longtemps intacte leur nationalité, comme aussi leur caractère propre et leurs sentimens allemands.

Après avoir esquissé le mode de colonisation pratiqué par les Anglais, et avoir décrit les organisations intéressantes des Allemands sur des territoires étrangers, faisons un retour sur l’ensemble de notre développement colonial.


III

Nous avons de grandes colonies dans lesquelles nous sommes entrés par la guerre, c’est-à-dire, en perdant beaucoup d’hommes et beaucoup d’argent. Moyennant de grandes dépenses, nous les avons ensuite pacifiées ; nous les gardons et les administrons. Mais nous les exploitons fort peu et nous n’en tirons de profit ni par le commerce, ni par l’agriculture. En ce moment même, nous luttons toujours à Madagascar et nous guerroyons » en Afrique pour l’acquisition de nouveaux territoires.

Avons-nous une idée exacte de la valeur de notre extension coloniale ?