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ainsi l’éclat de la perle. Ils emploient à ce travail une sorte d’Anodonte (Dipsas plicatus ou Barbata plicata), dont la coquille a six à huit centimètres de diamètre et peut servira nacrer des figurines de longueur moitié moindre. Ils insinuent l’objet fort adroitement entre le manteau et le test et surveillent l’opération avec beaucoup de patience. Les mollusques sont élevés dans des parcs entourés de clayonnages. C’est une opération réglée ; une véritable industrie constituée : elle a été connue en Europe à la suite du voyage d’études de la frégate française la Sibylle.

Filippi et Küchenmeister avaient proposé une autre solution du problème. Persuadés que le noyau de la formation perlière est toujours un parasite, ils ont conseillé d’en infester les mollusques margaritifères. Le moyen est chanceux, à tous égards.

En 1849, un médecin de Rodez, le docteur de Bauran, renouvela, avec les moules perlières du torrent du Viauz, et sans grand succès d’ailleurs, la tentative de Linné ; Moquin-Tandon et J. Cloquet en 1858, à Toulouse, n’eurent pas de meilleurs résultats avec l’Unio littoralis.

Des expériences analogues ont été tentées avec la pintadine elle-même, à Tahiti, en 1885. À l’aide d’un vilebrequin, Bouchon-Brandely perforait la coquille, et il introduisait, par les orifices, des boules de verre ou de pierre retenues par un fil métallique. Les trous étaient ensuite bouchés hermétiquement avec des disques de bois de burao ou de liège affleurant exactement à la face interne des valves. Après quatre semaines on constatait déjà sur la boule le dépôt d’une légère couche de nacre.

Ce sont encore des expériences du même genre que M. L. Boudin a réalisées en 1S97 au laboratoire de Roscoff. Il n’y a point de doute qu’il ait mieux réussi que ses prédécesseurs. Il s’est adressé à l’Haliotide. Tout le monde connaît sous le nom d’ormiers ou d’oreilles de mer ces grands et beaux coquillages. Ils ont une forme aplatie, surbaissée, avec une rangée de trous. Ils abondent dans la Méditerranée et dans la Manche. Ils fournissent une nacre brillante, très irisée, souvent un peu verdâtre, qui est utilisée, sans de grand prix, et quelquefois des perles véritables grosses, brillantes, et bleutées. Ce mollusque se prête facilement à l’expérience pour deux raisons : c’est d’abord qu’il s’acclimate et s’entretient facilement dans les bacs des laboratoires puisqu’il suffit de lui fournir de l’eau aérée : en second lieu, qu’il résiste aisément à des opérations assez graves.