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cette voie. D’autre part, la baisse du prix des produits agricoles a atteint les cultivateurs, à qui le gouvernement vient en aide en demandant aux puissances de consentir à ce que l’intérêt des fonds détenus par la Caisse de la Dette soit appliqué à dégrever l’impôt foncier, et en obtenant du Crédit foncier égyptien qu’il abaisse à 100 livres le minimum de ses prêts.

Parmi les institutions financières dont l’Angleterre est en voie de doter l’Égypte, il convient de citer la Banque nationale, dont les statuts ont été approuvés le 25 juin 1898 par le Khédive, qui lui a concédé pour toute sa durée, c’est-à-dire cinquante années, le monopole de l’émission des billets au porteur et à vue. Le capital, souscrit presque entièrement à Londres, est de 1 million de livres sterling : la nomination du gouverneur et des deux sous-gouverneurs est soumise à l’agrément du gouvernement égyptien. Le siège social est au Caire, avec succursale unique à Alexandrie. Le montant des billets en circulation doit toujours être couvert pour moitié au moins par une encaisse or et pour moitié par des titres agréés par le gouvernement. Il est à noter que la Banque Ottomane, qui a le privilège exclusif, en vertu de sa concession, d’émettre des billets de banque en Turquie, n’a pas protesté contre cette création d’une Banque nationale dotée d’un privilège qui est en contradiction avec le sien, aussi longtemps que subsiste la fiction diplomatique en vertu de laquelle l’Égypte fait partie de l’empire ottoman.


VI. — CONCLUSION

Nous avons examiné les quatre périodes des finances égyptiennes dont nous avions, au début de notre étude, indique les limites. Nous y avons ajouté un tableau de la situation actuelle. Essayons, en jetant un coup d’œil rétrospectif, de mesurer le chemin parcouru et de montrer quelles transformations profondes se sont accomplies ; comment, d’un régime oriental autocratique, cette gestion financière a passé à l’état de perfection relative où elle se trouve aujourd’hui. Au début, l’Europe ne songe pas à intervenir ; le pacha qui gouverne l’Égypte n’est préoccupé que de satisfaire le Sultan, son suzerain, et d’obtenir, par des subsides ou des présens de diverse nature, une autonomie de plus en plus complète ; l’Égypte ne dément pas son antique renom de fertilité ; mais bientôt ses richesses ne suffisent plus aux