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Conseil des ministres égyptiens, s’embarqua pour l’Europe, en même temps que le commissaire français, M. Villet, arrivait. M. Disraeli déclara au Parlement anglais que le rapport de M. Cave ne serait pas publié, ce qui provoqua une nouvelle débâcle. Le coupon, échu le 1er avril, fut cependant payé, grâce à l’intervention du Crédit foncier de France, alors largement intéressé dans les affaires égyptiennes ; mais, quelques jours plus tard, la suspension de paiemens était déclarée. Le rapport de M. Cave, publié à ce moment, montrait que toutes les ressources avaient été engagées, que la loi de la Moukabalah avait sacrifié l’avenir et un revenu perpétuel de l’État, pour encaisser une somme promptement engloutie. Il proposait d’unifier la dette, sauf trois emprunts qui devaient être amortis en 1881, comptait que le budget, établi sur une recette probable de 210 millions de francs, consacrerait la moitié de cette somme aux dépenses générales de l’État, et l’autre moitié au service de la dette, au taux de 7 pour 100. Le 6 avril 1876, le Khédive promulgua un décret qui reculait de trois mois les échéances d’avril et de mai. Le 2 mai suivant, il créa la Caisse de la dette publique. Le 7 mai, il signa le décret d’unification : les nouveaux titres de la dette générale seraient délivrés au pair, en échange des emprunts 1862, 1868, 1870 et 1873 ; à raison de 100 livres pour 95 des emprunts 1864, 1865 et 1867 ; et à raison de 100 livres pour 80 de la dette flottante. La dette unifiée s’élèverait à 91 millions de livres, rapportant 7 pour 100 d’intérêt annuel et amortissable en 65 ans : l’annuité devait être fournie pour environ neuf dixièmes par l’État, et un dixième par la Daïra. Des commissaires spéciaux seraient nommés par le Khédive pour surveiller l’opération. La direction de la Caisse, créée pour le service de la dette unifiée, serait confiée à quatre commissaires étrangers, un Français, un Anglais, un Italien, un Autrichien, nommés par le Khédive, à titre de fonctionnaires indigènes, sur la présentation de leurs gouvernemens. Les pays représentés ainsi dans l’administration de la Caisse, étaient ceux dont les nationaux constituaient la presque totalité des créanciers européens de l’Égypte. Les revenus affectés au service de la dette, qui seraient versés à la Caisse, ainsi que la quote-part due par la Daïra, étaient ceux des moudiriehs (gouvernemens) de Garbieh, de Menoufieh, de Béhéra et de Siout, le produit des octrois du Caire et d’Alexandrie, des douanes d’Alexandrie, Suez, Rosette, Damiette, Port-Saïd et El-Arish, des chemins de fer, des