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le postulant est confié au gardien-chef, qui, dix nuits de rang, « fait le quart » avec lui dans la lanterne et l’initie au maniement des lampes. Les nuits qui suivent, le chef reste couché dans la chambre de l’appareil, ne dormant que d’un œil et prêt à répondre au premier appel du stagiaire. Quand il juge enfin que celui-ci est à même de diriger la lampe, il le laisse seul pendant quelque temps et ne fait plus que ses rondes habituelles (deux en été, trois en hiver). Le postulant est alors initié au travail des machines. Comme précédemment, le gardien-chef passe avec lui dix nuits de rang dans la chambre de chauffe. On y fait le quart, en effet, comme dans la lanterne. Mais ce n’est là qu’un régime d’exception, appliqué seulement dans les phares de premier ordre. Le quart est ordinairement supprimé dans les fanaux et les phares placés à l’entrée des ports. Le gardien n’y est tenu qu’à deux rondes par nuit pendant l’été. Beaucoup des phares de cette sorte sont de simples colonnes isolées ; le gardien n’y habite point et se loge en ville comme il l’entend ; sa vie ne diffère point de celle des petits fonctionnaires de la marine : elle est aisée et peu intéressante. Dans les phares de terre qui sont placés sur des caps écartés, loin de tout village, comme à Barfleur, au raz de Sein, etc., l’administration a dû se préoccuper de l’habitation des gardiens. Dans ces phares, la tour forme généralement la partie centrale des constructions : elle est enclavée dans un corps de logis contenant les magasins et les logemens (Ploumanach, Le Paon, etc.). Quelquefois (phare des Baleines, de Créac’h, etc.) la tour communique avec les autres bâtimens par une galerie couverte. À Ally et à Barfleur, les logemens sont placés dans des ailes construites sur les côtés d’une cour dont le phare occupe le centre. À Hourtin et à Contis, les logemens sont établis en arrière des tours. Parfois encore (La Hève), deux phares sont accouplés pour donner un alignement ou un signal : les logemens et magasins forment un corps de logis à l’écart.

Pour tous ces phares, tant pour ceux de terre ferme que pour ceux qui sont placés dans des îles d’une certaine étendue, l’administration autorise les familles des gardiens à loger dans l’établissement. Au début, les logemens ne faisaient qu’un corps. Des mésintelligences éclatèrent. « L’administration, dit M. Léonce Reynaud, prit le parti de n’admettre que ses agens dans l’intérieur des phares, laissant à ceux qui étaient mariés le soin de loger leur famille ainsi qu’ils le jugeraient à propos. » C’était aller tout de