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Prenons le chapitre de l’épargné, de l’assurance et du crédit. Voici des sociétés d’épargne proprement dites, qui ont pour but de recevoir les économies des ouvriers et de leur faire produire intérêt, soit par des opérations financières effectuées par la société même, soit par l’affiliation à la caisse générale d’épargne et de retraite. En voici d’autres, dont le but est de faciliter aux sociétaires et aux membres de leur famille, par l’accumulation de leurs économies, l’achat d’objets usuels ou de consommation, d’instrumens de travail, d’animaux domestiques, de provisions d’hiver, vêtemens, literie, etc. Cela pour les adultes, mais ceci dès l’enfance et dans l’école : un enseignement pratique et positif de l’épargne aux fils d’ouvriers qui la fréquentent encore ou qui s’inscrivent aux patronages d’apprentis.

Quant à l’assurance, la voici d’abord qui tâche de parer à la maladie ou aux accidens, et elle s’y efforce de deux manières : par des sociétés de secours mutuels entre ouvriers ; par des caisses de secours dans les usines ou fabriques. Puis, elle voudrait détourner les menaces de la vieillesse, et elle a trois manières de l’essayer : des caisses de retraite ou de pensions établies dans les usines ou fabriques mêmes ; des institutions privées, fondées spécialement pour cet objet ; des sociétés ouvrières affiliées à la Caisse générale d’épargne ou de retraite. Mais la maladie, les accidens et la vieillesse ne sont pas les seuls ennemis de l’ouvrier ; il y a le chômage et d’autres incidens, d’autres perturbations du travail, de nature à causer, s’ils se produisent, une gêne ou une perte à lui et aux siens. Au chômage et au reste l’assurance s’ingénie à remédier, en garantissant aux ouvriers privés de travail par une faute qui n’est pas la leur une partie au moins du salaire quotidien. Et puis, au bout de toutes ces épreuves, la mort arrive, et l’assurance l’adoucit, en pourvoyant aux frais des funérailles, et en procurant ou faisant procurer par des sociétés auxquelles chaque association affilie ses membres, soit un petit capital, soit des secours temporaires aux héritiers du défunt.

Pour le crédit, on a imaginé et réalisé les banques populaires, abaissant le taux de l’intérêt parfois jusqu’à le supprimer, comme dans les prêts gratuits ou « prêts d’honneur. » Et certes, c’est une extrémité à laquelle on se résigne péniblement, de montrer à l’ouvrier, sur le bord et au terme de son rude chemin, le Mont-de-Piété et l’hôpital ; mais il faut cependant qu’il sache que, si les choses tournent au pire, le Mont-de-Piété et l’hôpital sont là. Il