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QUESTIONS SCIENTIFIQUES

LA COCAÏNE

Que la cocaïne ait de nombreux et fréquens usages en médecine et en chirurgie et qu’à ce titre elle doive préoccuper l’art médical dans ses diverses branches, c’est là une vérité qui n’est guère contestable ; ce ne serait pas une raison suffisante pour qu’on en parlât à cette place. Mais si nous ajoutons que l’histoire de cet alcaloïde intéresse presque au même degré la théorie que la pratique ; qu’elle a donné lieu, en physiologie et en chimie, à des controverses à peine apaisées et qui mettaient en cause quelques-unes des doctrines principales de ces sciences, c’est une vérité moins banale et qu’ignorent sans doute beaucoup de praticiens. Et c’est précisément ce que nous nous proposons de montrer ici.


I

L’alcaloïde des feuilles de la coca (Erythroxylon coca) a été présenté au monde médical par un oculiste bien connu de Vienne, Karl Koller, dans une séance du congrès d’ophtalmologie qui eut lieu au mois de septembre 1884. La cocaïne[1] n’a pas cessé d’être, depuis ce moment, l’un des plus précieux auxiliaires de

  1. Il faut se rappeler que le mot de cocaïne est employé en médecine, d’une manière abréviative, pour désigner le chlorhydrate de cocaïne, ou en général les sels de cocaïne. De même, les noms de morphine, atropine, quinine sont pris pour chlorhydrate de morphine, sulfate d’atropine, sulfate de quinine. Pour user d’un langage correct, on devrait dire : chlorhydrate de benzoyl-cocaïne.