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et de boues, de craie, de marne, de débris de toute sorte. — Recueillez-en un seau, et comparez-en la transparence, la pureté ; faites plus, et analysez les deux échantillons. Les différences sont évidentes. Au voisinage des terres, la composition physique varie beaucoup : l’eau tient eu suspension une quantité très variable de parcelles organisées ou inorganiques, et la nature de celles-ci — de ces dernières surtout — varie selon la nature des fonds. Ces particules de sable, de vase, de craie, sont très nuisibles aux œufs : elles s’agglutinent à la surface de ceux-ci, et les habillent d’un revêtement qui entrave la fonction respiratoire, si active pendant le développement.

L’eau du large diffère encore de celle de la côte, en ce qu’elle est de composition chimique beaucoup plus constante. On n’y observe pas les variations considérables de densité et de salure que les eaux côtières présentent sans cesse, et qui sont dues aux variations de température, beaucoup plus prononcées près du rivage, et au voisinage de l’embouchure des fleuves et rivières. Ces deux causes font que la salure et la densité de l’eau côtière varient beaucoup et constamment, et ces variations sont nuisibles aux œufs.

Il faut donc, — et c’est ici la conclusion pratique, — il faut n’établir de station de pisciculture qu’au voisinage d’eaux très pures, et pauvres en parcelles minérales. Il faut puiser l’eau à distance du rivage — au moyen d’une canalisation appropriée — et la puiser non à la surface, mais vers le fond.

Tous ces points ont été fort bien mis en lumière par M. Dannevig. Il a encore perfectionné la technique en imaginant des appareils à éclosion spéciaux.

Enfin, l’expérience a montré qu’à Flödevig, du moins, on peut très bien se passer de pratiquer la fécondation artificielle. Les choses se font de la façon que voici : on réunit les morues adultes dans un vivier où on les nourrit — par exemple avec dvi hareng congelé — jusqu’au moment où la reproduction est imminente. On les sort du vivier pour les placer dans des bassins où les œufs sont expulsés et fécondés naturellement. Les œufs flottent à la surface, et chaque jour on les recueille pour les disposer dans les appareils à éclosion. Les alevins se développent dans ces appareils, et ceux-ci servent encore au transport des alevins, quand le moment est venu où l’on peut les expédier sur tel ou tel point de la côte, pour les rendre à la mer.