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entoure celui que les dames de la ville donnèrent aux zouaves pontificaux du Canada. Cependant le mal et le bien de l’individualisme commencent à se glisser chez eux, et, comme toujours, c’est la femme qui, la première, cueille le fruit de science. Tout en consentant encore à représenter les rouages très actifs d’une machine qui fabrique le plus de citoyens possible[1], puisque la prépondérance des Canadiens français ne peut s’affirmer que par le nombre, ces dames réclament quelques récompenses tout intellectuelles ; le clergé ne les gardera pour alliées qu’au moyen de concessions sur ce chapitre. Il devra en faire plusieurs autres encore que nous ne nous permettrons pas d’indiquer, mais qui s’imposent visiblement. Alors les libraires français et catholiques justifieront leur nom en vendant, ni plus ni moins que les libraires anglais et protestans, des livres qui auront cessé d’être marchandise prohibée. Mais dès à présent, malgré certains préjugés et certains abus, il est consolant et instructif pour notre pays, qui va trop vite en beaucoup de choses, de regarder de loin cet autre lui-même, si fortement pourvu des plus sérieuses qualités de la race, si peu touché encore par les maux de la civilisation, gardant une si ample réserve de vertus solides qui sont tout de même les vertus françaises, vertus surannées de la Nouvelle-France, devenue maintenant par excellence l’ancienne.


TH. BENTZON.

  1. Un prêtre m’a dit que dans sa longue carrière de confesseur il n’avait rencontré qu’une seule femme en révolte contre le fardeau de la maternité.