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laisser isoler du reste du monde, commença des négociations, qui aboutirent successivement aux traités de commerce avec l’Autriche-Hongrie, la Suisse, l’Italie et la Belgique, enfin avec la Russie en 1894. Toutes ces conventions expirent en 1903. Le 4 avril 1896 a été signé à Berlin le traité germano-japonais de commerce et de navigation, ainsi qu’une convention consulaire entre les deux pays. Le traité est en grande partie calqué sur celui de 1894 entre l’Angleterre et le Japon. L’Allemagne renonce à la juridiction consulaire pour ses nationaux domiciliés au Japon, qui obtiennent en retour l’autorisation de s’y établir et d’y circuler ; mais l’acquisition de propriétés territoriales leur demeure interdite comme à tous les étrangers. La clause de la nation la plus favorisée garantit les Allemands contre tout traitement de préférence qui serait accordé à d’autres. Les droits ne dépassent pas en général 10 pour 100 de la valeur pour les articles désignés. Le Japon ne peut changer son tarif général qu’avec un préavis de six mois. Les Allemands ont des droits égaux à ceux des Japonais pour la défense de leurs marques de fabrique. La guerre douanière qui se poursuivait entre l’Allemagne et l’Espagne depuis 1894 est en partie calmée depuis le 25 juillet 1896, date à laquelle une ordonnance impériale a supprimé la surtaxe de 50 pour 100 qui frappait les marchandises espagnoles. Actuellement celles-ci sont donc soumises au tarif général allemand. Le 28 janvier 1897 a été ratifié un traité intervenu entre l’Allemagne et la France au sujet de la Tunisie. L’Allemagne y reçoit le traitement de la nation la plus favorisée, la France exceptée. L’arrangement est en vigueur jusqu’en 1903 et se renouvelle à partir de ce moment par tacite reconduction.

Au point de vue de la législation intérieure, c’est-à-dire qui ne dépend pas d’actes diplomatiques, le Reichstag a, en 1896, sous l’influence du parti agraire, voté la diminution des facilités données aux importateurs de grains pour l’acquit des droits. D’une façon générale, les libre-échangistes, c’est-à-dire les partisans des traités de commerce, — car personne ne demande plus guère en Allemagne la liberté absolue des échanges, — se plaignent de l’altitude de plus en plus intransigeante des grands propriétaires qui, plusieurs années d’avance, combattent avec violence ces traités. Bien que ceux-ci n’expirent pour la plupart qu’en 1903, la question de leur renouvellement ou non-renouvellement va déjà jouer un rôle considérable dans les élections de 1898 pour le