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remarquable que celui de la flotte elle-même. Outre ses docks et chantiers d’État, l’Allemagne a, à Elbing, Dantzig, Stettin, Kiel, Flensburg, Hambourg et Brème, des installations qui rivalisent avec les plus perfectionnées. Il existe 8 chantiers sur le bas Weser, 7 à Hambourg, 1 à Emden, 1 à Flensburg, 3 à Stettin, 4 à Dantzig, etc.

La pêche est une partie intéressante de la navigation : elle fournit des ressources à l’alimentation nationale, elle est aussi une pépinière de marins. En 1870, la grande pêche n’existait pas en Allemagne. En dehors des côtes, les populations ne connaissaient le poisson de mer que comme un objet de luxe. En 1872 commença à se développer la pêche à la voile ; en 1885 fut construit le premier bateau de pêche à vapeur allemand. En 1886, 377 bateaux de pêche comptaient 1 327 hommes d’équipage. En 1897, il y en a 546, dont 103 vapeurs, avec 3 271 hommes d’équipage et 128 000 mètres cubes de jauge. La pêche du hareng a pris un développement remarquable. La valeur de cette flotte est d’au moins 12 millions de marcs ; le produit brut annuel s’élève à 10 millions. Des installations perfectionnées dans les ports ont permis de donner une meilleure utilisation au poisson pris. Les chemins de fer, au moyen de wagons réfrigérans, transportent la marée à l’intérieur du pays. De ce côté également, nous constatons le progrès.

Parallèlement à cet essor du commerce extérieur et de la navigation, les transactions intérieures se sont développées d’une façon tout aussi rapide. M. Georges Blondel, dans une étude qu’il vient de faire paraître sur l’essor industriel et commercial du peuple allemand, nous rappelle que le réseau des chemins de fer a plus que doublé depuis 1870 et s’élève aujourd’hui à 48 000 kilomètres ; celui des canaux et des rivières navigables n’a pas moins de 28 000 kilomètres. La batellerie fluviale compte 23 000 bateaux ; sur le Rhin circule une flotte à vapeur et à voiles qui transporte en une année plus de 30 millions de tonnes de marchandises. L’Elbe, dont le tirant d’eau est faible, a été rendu navigable, sur tout son parcours de 720 kilomètres, au moyen d’une chaîne de touage. A son embouchure, le tonnage est de 10 millions, et, sur le nombre de bateaux qui entrent à Hambourg, 16 000 par an arrivent de l’intérieur, grâce à l’ensemble des voies navigables, dont l’empereur Guillaume II disait, lors de l’inauguration du canal de Kiel, que c’est d’elles que dépend l’avenir du pays.