Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 146.djvu/831

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour objet la création d’un corps d’année supplémentaire qui doit concourir, en cas de mobilisation générale, à la défense nationale. On peut se demander s’il est bien rationnel d’entretenir en tout temps, en vue de cette formation éventuelle, des corps de troupe d’un recrutement particulièrement dispendieux, puisqu’ils se recrutent en dehors du contingent, uniquement par des engagemens et des rengagemens avec prime. La relève annuelle, en effet, même en tenant compte de l’extrême jeunesse des engagés volontaires, cause de nombreux déchets, ainsi que de la nécessité de les garder au corps jusqu’à ce que leur instruction militaire soit complète, peut se faire aisément avec des forces à l’intérieur moins considérables. Actuellement, avec un effectif budgétaire inférieur de plus de 3 500 hommes au chiffre demandé par le ministre, elle s’opère sans difficulté. Il y a plus : quelques années déjà avant le vote de la loi du 30 juillet 1893, on avait, escomptant ce vote, réduit considérablement et même supprimé à la fin le prélèvement annuel opéré sur le contingent. L’effectif total des troupes de la marine, infanterie et artillerie, s’était abaissé de 31 000 à 23 000 hommes ; et cette réduction considérable de 8 000 hommes n’empêcha pas la relève de se faire et les détachemens coloniaux de recevoir le personnel qui leur était nécessaire.

En recrutant les régimens coloniaux, comme nous le demandons, en hommes ayant déjà accompli trois années de service actif, dont par conséquent l’instruction est complète et qui peuvent être utilisés immédiatement sans qu’il soit nécessaire de les garder plusieurs mois à l’intérieur, qui présenteront en outre une plus grande résistance aux effets pernicieux des climats équatoriaux et auront moins fréquemment à être relevés pour cause de santé, l’effectif entretenu à l’intérieur pourra être considérablement réduit. Aussi, écartant, pour les raisons que nous avons déjà exposées, toute combinaison qui détournerait l’année coloniale de son unique et véritable destination, la défense des colonies, et, ne nous préoccupant pas pour le moment de la formation du corps d’armée supplémentaire, nous supprimerons les régimens métropolitains et donnerons aux corps de troupes résidant aux colonies de simples dépôts à l’intérieur, solidement constitués. Et de fait, on a peine à concevoir des régimens coloniaux ayant autre chose en France que des dépôts. Mais, d’ailleurs, si une guerre continentale venait à éclater, ces dépôts, étant donné leur