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Guillaume de Flavy, acheva ce que La Trémoïlle et consorts avaient commencé. Dans une sortie où Jeanne, selon son habitude, s’était laissée attirer au loin, Flavy fit relever le pont derrière elle, par crainte que l’ennemi n’entrât à sa poursuite dans la ville ; elle tombait à la fin entre les mains des Anglais, le 23 ou le 24 mai 1430. Compiègne a gardé cette tradition : qu’un jour la Pucelle ayant reçu les sacremens et parlant à ceux qui l’entouraient, parmi lesquels cent enfans pour le moins[1], leur dit : « Mes bons amis, mes chers enfans, je vous l’assure, on m’a trahie et vendue, et bientôt, je serai condamnée à mourir. Priez Dieu pour moi, car je ne pourrai plus servir mon roi, ni le noble royaume de France. »

On comprend quelle dut être la joie dans le camp ennemi. La douleur de la France y fit réponse ; les paysans, qui avaient espéré de cet ange rédempteur la fin de leurs maux, tombèrent dans une morne consternation. Une immense désolation s’abattit sur les villes que la Pucelle avait gardées ou rendues à la France ; à Orléans, à Tours, à Blois, des prières publiques furent dites pour sa délivrance ; les habitans de Tours, pieds nus et tête découverte, promenèrent solennellement la châsse de Saint-Martin en chantant le Miserere. Le peuple accusait à haute voix les riches et les militaires d’avoir trahi la sainte fille qui défendait les humbles et combattait les vices des puissans.

La part du roi et de son entourage dans le deuil public ? Nulle, tout comme si de rien n’était. Mais on prit en sous-main des mesures pour réprimer ce fâcheux mouvement populaire. On a conservé ce fragment d’un mandement adressé par Regnaud de Chartres à ses diocésains :… « Il leur fait savoir que Jeanne la Pucelle a été faite prisonnière à Compiègne, pour ce qu’elle ne voulait écouter aucun conseil, mais faisait tout à son plaisir… Dieu a permis qu’ainsi elle fût prise, car elle s’enorgueillissait trop, se vêtait de riches habits et n’accomplissait pas les commandemens de Dieu, mais rien que sa volonté. » Ainsi la lettre de ce fourbe changeait en commandemens de Dieu les lâches décisions du conseil royal.


La Passion de Jeanne dura cinq mois.

Et elle fut livrée par le bâtard de Vendôme qui l’avait prise,

  1. Elle aimait particulièrement communier au milieu des enfants.