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contrée, de beaucoup d’Anglais et d’Allemands en contradiction alors avec les observations des savans ou voyageurs français. Or, dans bien des cas, il a suffi de retracer avec exactitude la physionomie des lieux, de rappeler les textes, les inscriptions, les faits historiques ou légendaires, pour réfuter les témérités d’une érudition trop éprise de ce qu’elle croit nouveau. Hanriot interrogeait le pays lui-même ; il en décrivait les formes et l’aspect ; en même temps il fouillait le passé héroïque de chaque lieu célèbre. C’est surtout par cette étude curieuse des antiques traditions que son livre charmait l’esprit sévère d’Albert Dumont, qui, devenu directeur de l’École d’Athènes, recommandait aux jeunes membres de la mission l’étude de ce travail. A. Dumont avouait qu’il en avait profité lui-même. Plus tard, chargé de diriger au ministère l’enseignement supérieur, il engageait l’auteur à donner de sa thèse une nouvelle édition. De nos jeunes camarades m’ont dit à moi-même qu’ils consultaient fréquemment cette excellente restitution topographique[1]. On n’en est pas surpris quand on voit que le résultat en a été d’établir la situation de cent-trente dèmes sur les cent-soixante-quatorze que l’on sait avoir existé ; que, sur les cent-trente fixations, soixante-douze sont dues à Hanriot. Les cinquante-huit autres proviennent de travaux antérieurs.

La topographie des divisions territoriales conduit naturellement à celle des monumens, édifices, lieux de réunion qui y étaient situés. Le mot Agora désignait chez les Grecs le lieu affecté aux achats et aux ventes qui avaient pour objets les produits du sol, de la chasse, de la poche et même de l’industrie. L’agora servit aussi, au moins dans beaucoup de villes, de lieu de réunion pour les délibérations publiques. A Athènes, l’agora présentait cette double destination. Ce n’était pas seulement, comme on pourrait le croire, la place du marché et, à une autre heure, un espace où se réunissait l’assemblée. Celle d’Athènes comprenait, dans son enceinte, des édifices d’une grande importance. Mais où était-elle ? Hanriot s’est posé cette question dans un mémoire lu devant l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres sur l’Emplacement de l’Agora d’Athènes. « Ce mémoire, écrivait M. Guigniaut en 1854, a obtenu les honneurs non seulement d’une discussion intéressante de la part des archéologues divisés de

  1. M. H. Haussoullier l’a citée, dans son article du Dictionnaire des Antiquités.