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traversés par le fleuve. Le dernier essai fut tenté entre Combleux et Orléans en 1847-48. De tous côtés, les chambres de commerce se plaignaient, réclamaient l’interdiction même de ces travaux : l’hiver, ils arrêtaient les crues et faisaient crever les levées ; construits en travers du courant, ils le déviaient et les bateaux se précipitaient sur les digues. Consultés à domicile, les mariniers se prononcèrent par 343 voix contre 24 pour la suppression des digues submersibles. Si l’on obtenait un approfondissement sur un point, c’était aux dépens de la sécurité, et l’ensablement, seulement retardé, se faisait en aval ; en basses eaux, il se produisait même entre les digues. Trois décisions ministérielles en condamnèrent l’emploi (8 et 16 août 1859, 21 décembre 1860). On y est revenu depuis et avec raison pour le Rhône : il ne manque jamais d’eau, et sa pente lui permet de chasser énergiquement les dépôts, d’éroder même les hauts-fonds résistans.

Plus d’endiguement donc ; solution sage, mais négative. Les riverains en veulent de positives. Plusieurs ont été proposées ; voyons-les sans nous prononcer ; alors qu’une commission technique les examine avec prudence, il serait téméraire à un profane d’en indiquer une.

Deux partis s’offrent : utiliser le lit du fleuve, ou y renoncer et creuser un canal latéral. Dans la première hypothèse, il faut diminuer l’apport des sables… et amener de l’eau. La première opération est assez facile, nous l’avons vu : la défense des rives du bassin supérieur interdirait tout affouillement nouveau, et des sables anciens le fleuve se purgerait peu à peu. Les crues désastreuses, on en connaît aussi le remède ; l’accord est définitif sur ce point. Mais les basses eaux, voilà l’ennemi !

Un premier remède est le reboisement, le regazonnement. Indispensables pour arrêter les crues, leur rôle ne serait pas petit au temps des maigres. Mais c’est alors surtout que les réservoirs serviraient. Toute leur capacité serait alors profitable, et c’est pour la navigation, bien plus que contre les crues, qu’ils sont nécessaires. Les deux mesures dont nous parlons ne sont donc pas d’un emploi indifférent.

Mais, dès qu’on descend des montagnes aux plaines, où la pente permet la navigation, le problème se complique. Il ne s’agit plus de trouver de l’eau d’une manière générale, mais sur tous les points également.

Un fleuve ne manque jamais d’eau sur toute sa longueur.