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Orléans et Nantes, huit jours à la descente ; quinze à la remonte. Un service annexe reliait Angers à la Loire. Les voyageurs devaient payer trois sous par lieue. En 1780, les bateliers reçurent défense de transporter des voyageurs sans un permis de la compagnie fermière et un droit d’un sou par personne et par lieue. Ce système de monopoles accordés à des privilégiés qui les vendaient et revendaient, aboutit là, comme partout ailleurs, à léser une foule d’intérêts, apporter le trouble, la gêne, désorganiser les anciens services et décourager les volontés libres.)

Ces mauvaises mesures, la Révolution, les guerres de Vendée, n’arrêtèrent cependant pas la navigation. La loi de floréal an X créa un droit de navigation ; une commission officielle en discuta le tarif dans le Loiret. Selon l’ingénieur en chef, il passait alors en moyenne 9 480 bateaux sur la Loire, avec une charge de 402 250 milliers.

La vapeur allait bientôt faciliter la navigation intérieure. En 1823, déjà, un vapeur circulait entre Nantes et Angers ; en 1829, on organisait le service entre Angers et Orléans, et, en 1832, entre Nantes et Orléans. Les Hirondelles apparurent en 1836 ; en 1838, les Inexplosibles. En 1843, quatre compagnies desservaient la Loire : les Paquebots de Nantes à Orléans ; les Inexplosibles de la Haute-Loire entre Orléans et Moulins, les Inexplosibles de la Basse-Loire entre Orléans et Nantes, les Remorqueurs entre Nantes et Châtillon.

Ces remorqueurs circulaient en toute saison sur le fleuve. La compagnie s’était entendue avec celle du chemin de fer d’Orléans, et une compagnie de navigation de Nantes à Bordeaux. D’autres remorqueurs allaient unir la Loire à Lyon et Lyon à Bâle. On ouvrait ainsi une route commerciale économique entre nos deux ports de Bordeaux et de Nantes et l’Europe centrale. En 1845 et 1846, deux nouvelles compagnies se fondent. La navigation à vapeur prenait ainsi la place de la marine à voiles : plus rapide, plus sûre, mieux pourvue de capitaux, elle en devait triompher. Mais la concentration même de cette industrie en rendait la suppression plus facile. En 1846, la compagnie d’Orléans désintéressa, « au milieu des succès et des recettes », les deux principales compagnies de navigation, et un]]eu plus tard celle des charbons de la Haute-Loire, dite compagnie Blanzy. Un gros bénéfice immédiat tente toujours des actionnaires ; tant pis pour les intérêts que lèse leur renoncement.