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moins que la Seine au confluent de l’Aube), à 50 aux environs de Tours (même altitude que Montereau-fault-Yonne) ; à Saumur, il est au niveau de la Seine à Paris. Même en s’allongeant ainsi sur un vaste espace, la Loire est trop rapide de pente. Que l’on compare sa chute de 0m,45 par kilomètre du Bec d’Allier à Briare, de 0m,40 après Orléans, de 0m,35 à Tours, à celle de la Seine entre Marcilly et Montereau : 0m,23 ; et entre Montereau et Paris : 0m,19. Saumur est à la même altitude que Paris ; néanmoins la Loire descend de 0m,18 par kilomètre depuis la première ville, la Seine de 0m,10 en sortant de la seconde, tant elle multiplie ses méandres. La Loire n’en décrit pas. Paresseuse, comparée au Rhône, elle est trop rapide pour la navigation ; sur un fleuve peu abondant, au milieu de bancs de sable, dans un chenal étroit, la remonte surtout est très difficile : elle exige, pour un bateau de tirant d’eau moyen (1m,20), un effort quatre à cinq fois plus grand que sur un canal bien réglé.

L’eau coule trop vite sur les pentes trop fortes du bassin. Toute pluie un peu longue amène une onde violente et rapide ; le lendemain, l’eau manque. Elle suffirait si le fleuve était bien alimenté. Il ne l’est pas ; voilà le mal dont souffre la Loire.

Sans doute les régions qu’elle draine reçoivent assez de pluie. La Loire supérieure reçoit 1 170 millimètres sur sa rive droite, 741 sur la gauche ; le Forez 826 millimètres à droite, 605 à gauche ; la plaine de Roanne 865 à droite, 778 à gauche. Mais en dehors du Massif central, si bien arrosé, du Morvan, où tombent jusqu’à 1 500 millimètres, et du revers méridional des collines du Perche et du Maine (800 à 1 000 millimètres), nous trouvons de grandes plaines où le relief ne suffit pas à arrêter les nuées océaniques ; il n’y tombe que 750 à 800 millimètres de pluie, et une notable partie de la vallée n’en reçoit pas 650, C’est une zone sèche. La mer voisine donne à l’atmosphère assez d’humidité ; les terrains imperméables heureusement, en se refusant à absorber l’eau, gardent à la végétation sa fraîcheur ; sinon la culture même souffrirait.

Presque toutes ces pluies viennent du golfe de Gascogne : les vents d’ouest et sud-ouest prédominent dans la vallée de la Loire. Mais pour le cours supérieur, d’énormes chutes d’eau ne sont dues qu’à la Méditerranée : les vents du sud causent les crues les plus violentes de la haute Loire.

Sans être considérables, ces pluies suffiraient à alimenter la